Alors que les baleines à bosses sont connues pour vivre en solitaire, excepté à de rares occasions, de plus en plus de groupes immenses (jusqu’à 200 individus) sont observés au sud des côtes africaines. Les scientifiques s’interrogent.

Un comportement étrange et récent

Certes, il arrive aux baleines à bosse de se rassembler : pour se nourrir, pour migrer, et pour s’accoupler. Mais les groupes restent de petite taille (jusqu’à 7 individus) et ne durent guère. Le fait qui occupe actuellement les scientifiques est le groupement de 20 à 200 baleines à bosse près de la côte ouest de l’Afrique du Sud.

Lors des expéditions scientifiques en bateau de 2011, 2014 et 2015, 22 groupes semblables ont été dénombrés et confirmés par des observations des forces aériennes et de badauds. Ken Findlay, chercheur à l’université de la Cape Peninsula University of Technology, confie au New Scientist n’avoir jamais rien vu de tel.

Même durant leur phase migratoire, les baleines à bosses ne se réunissent pas en aussi grand nombre. De plus, les documents et archives ne font état que de groupes constitués de 10 à 20 individus.

Des lieux de rassemblement incompréhensibles

Les baleines à bosse ont l’habitude d’aller se nourrir vers le sud de l’Antarctique. Durant l’été, elles partent chasser chaque jour afin de se créer des réserves pour l’hiver. Puis elles partent mettre bas près des côtes tropicales et subtropicales, où elles passent la saison froide. Or, elles se rassemblent maintenant près de l’Afrique du Sud, à des milliers de kilomètres de leur lieu habituel.

Les hypothèses

Face à ce changement de comportement, les scientifiques ne sont encore sûrs de rien, mais avancent plusieurs hypothèses. Ainsi, il pourrait s’expliquer par la modification de la répartition des proies des baleines, elle-même due à l’exploitation intensive des ressources océaniques. Autre possibilité, aussi surprenante soit-elle : le nombre des baleines à bosse aurait augmenté.

En effet, la population de baleines à bosse n’a jamais été aussi importante en Australie depuis l’interdiction de leur chasse, en 1960. Une augmentation rapide de leur nombre aurait forcé certains individus à aller chercher leur nourriture du côté de l’Afrique du Sud.

Il se pourrait également que, malgré les apparences, ce phénomène ne soit pas si nouveau. Dans le New Scientist, Mallory Locklear fait remarquer qu’en 1914, avant que leur population ne chute de 90 %, les baleines à bosse avaient été aperçues en train de se nourrir au large de la côte sud-ouest de l’Afrique du Sud. À nouveau plus nombreuses, les baleines pourraient revenir à ce premier comportement, passé inaperçu tant qu’il n’était suivi que par des cas isolés.

Dans tous les cas, l’équipe de Findlay conclut que les côtes de l’Afrique du Sud sont en train de devenir un grand lieu de rassemblement et de pêche pour les baleines à bosse à la fin du printemps/début d’été (de l’hémisphère Sud), et qu’il convient de sécuriser la zone : personne ne voudrait se retrouver face à ces mastodontes de 30 tonnes !

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