Depuis une quarantaine d’années, la démocratisation des sonars utilisés à des fins militaires est souvent citée comme l’une des causes des échouages massifs de baleines en bonne santé. Cette nouvelle étude explique comment ce type de pollution sonore pousse les cétacés au suicide.

 

Une véritable hécatombe

Comme nous l’évoquions dans un précédent article, les ondes sonores émises par l’activité humaine, et plus particulièrement par les sonars, désorientent les baleines et les mènent vers une mort certaine. En août 2018, près d’une centaine d’entre elles ont été retrouvées mortes sur les côtes écossaises et irlandaises, tandis que des dizaines se sont échouées sur les plages australienne quelques mois plus tard. Parmi les principaux coupables clairement identifiés par les chercheurs : la démocratisation des sonars, militaires et de basse fréquence, qui les effraient et les désorientent.

Jusqu’à récemment, les scientifiques ignoraient le mécanisme provoquant ces échouages massifs de baleines, mais une nouvelle étude pourrait en avoir identifié la cause : les sons générés par les sonars seraient si insupportables pour les cétacés, que la panique engendrée provoquerait des accidents de décompression. Capables de plonger plusieurs heures dans les profondeurs, les baleines ralentissent leur fréquence cardiaque et réduisent leur débit sanguin, limitant ainsi leur consommation d’oxygène et empêchant l’accumulation d’azote, mais le stress généré par les ondes des sonars va dérègler cette mécanique.

 

Les sonars paniquent les baleines et provoquent des accidents de décompression

Comme l’a expliqué Yara Bernaldo, chercheur à l’Université de Las Palmas : « En présence d’un sonar, les baleines sont stressées et nagent aussi rapidement qu’elles le peuvent afin de s’éloigner de la source de ce stress. Cela impacte leurs habitudes de plongée. La réponse au stress s’apparente à un coup d’adrénaline et se révèle si intense qu’elle prend le pas sur la maîtrise naturelle de la plongée ». Un phénomène terrible qui touche également les baleines à bec, objet principal de cette nouvelle étude, qui sont pourtant réputées pour être des plongeuses hors-pairs.

Lorsqu’elles perçoivent les ondes générées par les sonars, leur rythme cardiaque s’emballe et l’accident de décompression survient. Paralysés par la douleur, les cétacés s’échouent sur les plages et y meurent. Un scénario confirmé par des analyses ayant révélé la présence importante de bulles d’azote dans les veines des spécimens échoués, ainsi que celle de caillots de sang dans plusieurs de leurs organes. Afin de limiter cette hécatombe, les chercheurs appellent à une interdiction des exercices militaires dans les régions les plus touchées par ces échouages massifs de baleines, et à réduire l’exposition des espèces les plus vulnérables.

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