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Si des rafales d’ultrasons avaient précédemment permis d’éliminer des cellules cancéreuses en les chauffant, ces ondes détruisaient également les cellules saines environnantes. Des chercheurs américains ont récemment trouvé un moyen sûr de les exploiter en les associant à des bactéries.

Utiliser des micro-organismes pour combattre le cancer

Les bactéries jouent un rôle majeur dans le maintien de notre santé, en particulier celles qui colonisent naturellement nos intestins, mais sont également connues pour provoquer des infections et des maladies potentiellement mortelles. Bien que l’idée d’utiliser ces micro-organismes pour combattre le cancer puisse sembler farfelue, elle est très loin d’être nouvelle.

Au XIXe siècle, le chirurgien américain William Coley avait été le premier à remarquer l’effet anticancéreux des colonies bactériennes localisées à proximité des tumeurs. Cherchant à tirer parti de cette relation bizarre entre certaines bactéries et les cellules cancéreuses, les chercheurs ont depuis proposé toutes sortes de thérapies, consistant notamment à délivrer des médicaments de chimiothérapie directement aux cellules cancéreuses par l’intermédiaire de bactéries.

Une approche aussi globale nuisant également aux cellules saines, dans le cadre de travaux publiés dans la revue Nature Communications, Mikhail Shapiro et ses collègues de Caltech ont imaginé un moyen astucieux de tirer parti des propriétés anticancéreuses des bactéries, impliquant de modifier génétiquement Escherichia coli afin qu’elle puisse supporter des pics de température induits par des salves d’ultrasons.

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Lorsque la température de la bactérie atteint environ 42-43 °C, une paire de gènes exprime des molécules anticancéreuses semblables aux anticorps du système immunitaire, qui désactivent les protéines favorisant la prolifération des cellules cancéreuses. La température du corps humain étant d’environ 37 °C, les souches modifiées ne commencent à libérer leurs nanocorps anti-tumoraux que lorsqu’elles sont exposées à certains niveaux d’ultrasons.

Des premiers résultats prometteurs

Au cours d’une expérience, des souris immunodéprimées atteintes d’un lymphome non hodgkinien ont été infectées par l’E. coli modifié, puis des rafales d’ultrasons ont été focalisées sur les sites tumoraux. Les chercheurs ont remarqué que les tumeurs avaient cessé de croître et même rétréci en l’espace de deux semaines.

« Les ultrasons focalisés nous ont permis d’activer la thérapie de manière spécifique à l’intérieur des tumeurs », souligne Mohamad Abedi, co-auteur de l’étude. « C’est important car ces puissantes substances chimiothérapiques, qui sont si utiles dans le traitement des cancers, pourraient également provoquer des effets secondaires importants dans les organes où nos agents bactériens sont susceptibles d’être présents. »

Si l’objectif principal reste évidemment la tenue d’essais cliniques afin d’examiner les effets du traitement sur notre organisme, la prochaine étape consistera à améliorer le marquage des bactéries afin de pouvoir les localiser en temps réel et à utiliser les ultrasons de façon encore plus ciblée. Selon l’équipe, une telle approche pourrait également cibler d’autres maladies comme la mucoviscidose.

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