Mélange expérimental de myxobactéries mutantes et non mutantes (grossissement x10) — © D. Wall / University of Wyoming

Lors de l’étude de bactéries en laboratoire, des chercheurs américains ont constaté qu’elles formaient des motifs saisissants et tourbillonnants lorsqu’elles se rassemblaient en essaim, rappelant une œuvre majeure de Van Gogh.

Quand la vie « imite » l’art

Les microbiologistes ont remarqué ces similitudes en étudiant la façon dont les bactéries prédatrices Myxococcus xanthus interagissaient. Les représentants de cette espèce étant notamment connus pour former des essaims coordonnés, leur permettant de partager leurs ressources (enzymes et métabolites) afin de capturer et de digérer leurs proies, qui sont généralement d’autres bactéries.

L’équipe s’est notamment concentrée sur une paire de protéines, TraA et TraB, permettant à ces microbes voraces de se reconnaître et de se lier entre eux. Pour ce faire, elle a créé des souches mutantes de M. xanthus qui surexprimaient les gènes à l’origine de ces protéines, afin de voir comment elles évolueraient.

Lorsque les souches modifiées se sont liées à d’autres souches mutantes et non mutantes, les amas de cellules conjointes ont formé des motifs tourbillonnants. Différentes couleurs ont ensuite été ajoutées numériquement afin de distinguer chaque souche, mettant en évidence la ressemblance frappante entre l’art créé par les microbes et celui de Van Gogh. L’image dans des tons bleu/jaune rappelant irrémédiablement « La Nuit étoilée », l’une des œuvres les plus célèbres du peintre néerlandais.

La Nuit étoilée (1889) — © Museum of Modern Art

« Une telle découverte montre comment l’étude des bactéries sociales peut révéler des comportements présentant également une certaine beauté artistique », a estimé Daniel Wall, biologiste moléculaire à l’université du Wyoming et auteur principal de l’étude, parue dans la revue mSystems.

Des liens plus robustes

Si les essaims de bactéries M. xanthus s’apparentent généralement à de longues files de cellules individuelles tête-bêche, les mutations introduites en laboratoire les ont transformés en tourbillons rotatifs de cellules, atteignant chacun un millimètre ou plus. « Les cellules forment des groupes denses et sont en contact permanent, bien plus que dans les essaims classiques », a souligné Oleg Igoshin, chercheur à l’université Rice et co-auteur de l’étude.

La surexpression de TraA et TraB a également créé des liens plus robustes, impliquant que les essaims de bactéries perdurent plus longtemps et semblent incapables de retourner à l’état de cellules individuelles.

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1 Commentaire
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Chantal SYVERSON
Chantal SYVERSON
2 années

Ainsi Monsieur Van Gogh n’était donc qu’une bactérie. Bien sûr que la nature imite l’art, puisque l’art est inspiré par la nature. Merci.