Plus souvent associée à des déserts chauds et arides qu’à des prairies verdoyantes et fertiles, la péninsule arabique a connu plusieurs pics de précipitations au cours des 400 000 dernières années, ce qui aurait créé des conditions idéales et facilité la migration des premiers humains vers l’Asie.
Des paysages bien différents
Publiée dans la revue Nature, l’étude s’appuie sur des fouilles menées conjointement par des chercheurs de l’université Griffith, de l’Institut Max Planck et du ministère saoudien de la Culture dans le désert du Néfoud, ayant permis la mise en évidence de sites archéologiques associés aux vestiges d’anciens lacs. L’âge des matériaux trouvés sur place a été estimé grâce à une méthode connue sous le nom de « datation par luminescence », mesurant le délai écoulé depuis leur dernière exposition à la lumière solaire ou à une chaleur importante.
Les analyses ont montré qu’il coïncidait systématiquement avec des périodes d’augmentation significative des précipitations dans la région, et il s’est également avéré que l’ensemble des outils en pierre découverts à proximité de lacs depuis longtemps asséchés étaient enfouis dans un type de sédiment particulier, que l’on trouve en eau douce.
Selon l’équipe, ces anciennes étendues d’eau étaient autrefois encadrées par de vastes pâturages. Un cadre fertile qui aurait non seulement amené de grands mammifères comme les éléphants et les hippopotames à arpenter la péninsule, mais également nos lointains ancêtres. Les chercheurs ont en effet découvert qu’au cours de chaque phase de « l’Arabie verte », lorsque des précipitations plus abondantes entraînaient la formation de lacs et l’apparition de prairies luxuriantes, les premiers humains avaient commencé à peupler la région, apportant à chaque fois un type différent de culture matérielle.
Une importante percée archéologique
« Trouver des fossiles de grands mammifères au milieu de ce désert hyper-aride s’est avéré être une expérience unique », estime Julien Louys, co-auteur de l’étude. « La présence de plusieurs fragments d’os d’hippopotames était sans doute l’aspect le plus remarquable de cette découverte. Ceux-ci étant actuellement cantonnés aux régions humides d’Afrique, leur présence dans le Néfoud au cours des 400 000 dernières années a confirmé de façon définitive que la péninsule arabique était nettement plus verte qu’elle ne l’est aujourd’hui. »
La préhistoire humaine dans le vaste intérieur de la péninsule reste encore mal connue. Les recherches en Asie du Sud-Ouest s’étant jusqu’à présent principalement concentrées sur les bordures côtières et boisées de la région. Selon Huw Groucutt, auteur principal de la nouvelle étude, ces nouvelles découvertes, comprenant la plus ancienne preuve datée d’hominidés en Arabie, il y a 400 000 ans, constituent « une importante percée archéologique ».
Des fouilles réalisées l’année dernière dans ce même désert avaient permis la mise au jour d’empreintes de pas humaines et animales vieilles de 120 000 ans.
Par Yann Contegat, le
Source: Cosmos Magazine
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