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Des chercheurs de l’université du Texas à Austin ont dévoilé une nouvelle approche pour lutter contre les superbactéries, ciblant une protéine que ces dernières utilisent pour développer une résistance aux antibiotiques.

Empêcher la production des protéines de résistance

Lorsqu’un patient prend des antibiotiques, la plupart des bactéries qui l’infectent succombent à l’environnement hostile créé par ces composés. Cependant, les plus coriaces survivent, se reproduisent et transmettent les mutations aléatoires qui les ont aidées à surmonter cette épreuve, créant ainsi une population résistante aux médicaments, aujourd’hui responsable de davantage de décès que le sida ou le paludisme.

La création de nouveaux antibiotiques peut s’avérer efficace pendant un certain temps, mais les bactéries finissent également par s’y adapter. Par conséquent, la meilleure façon de lutter contre ce phénomène serait d’empêcher la résistance de se développer, ce qui rendrait les médicaments existants à nouveau efficaces.

Bien que des molécules prometteuses aient été mises au point ces dernières années, celles-ci ciblent généralement les protéines responsables de l’antibiorésistance après que les microbes les ont fabriquées, ce qui limite la portée du traitement. Pour cette nouvelle étude parue dans la revue eLife, les scientifiques ont donc cherché un procédé plus fondamental.

Pour pouvoir déjouer les médicaments, ces protéines « de résistance » doivent être repliées dans des formes très spécifiques. L’équipe a découvert qu’une autre protéine, appelée DsbA, y contribuait largement, suggérant que le fait de cibler cette dernière permettrait d’agir plus en amont et d’empêcher leur production.

Des résultats impressionnants

Lorsque les chercheurs ont inhibé la DsbA dans les bactéries, celles-ci sont redevenues vulnérables aux antibiotiques existants. Il est important de noter que cette méthode a fonctionné sur toute une série de superbactéries dangereuses et répandues, telles qu’E. coli, K. pneumoniae et P. aeruginosa.

« Nos résultats montrent qu’en ciblant la formation de liaisons disulfure et le repliement des protéines, il est possible d’inverser la résistance aux antibiotiques chez plusieurs grands agents pathogènes », a déclaré Christopher Furniss, co-auteur principal de l’étude.

Au cours de ces expériences, l’équipe a inhibé la DsbA en utilisant des composés chimiques ne se révélant pas assez sûrs pour une utilisation chez l’Homme. L’efficacité de l’approche ayant été démontrée, la prochaine étape consistera à identifier des inhibiteurs de DsbA adaptés.

À gauche : Klebsiella pneumoniae traitée avec un simple antibiotique (imipénème). À droite : La même superbactérie après un traitement combiné inhibiteur de DsbA/imipénème — © Nikol Kadeřábková
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