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Quelle est la différence entre les États-Unis en 2020 et la dictature de Gilead dans La Servante écarlate ? Presque aucune, si nous regardons les conditions de vie des femmes dans certains États aux États-Unis, où leurs droits sont réduits de jour en jour. Par exemple, en Alabama, il est désormais interdit de pratiquer l’IVG, même en cas de viol ou d’inceste. Cette interdiction a été votée en 2019, mais a heureusement été suspendue par un juge fédéral, même si une action en justice est toujours en cours pour tenter de la faire passer.

LES LOIS ANTI-AVORTEMENT, UNE ENTRAVE À LA LIBERTÉ DES FEMMES

Les lois interdisant l’IVG et qui sont votées dans différents États réduisent drastiquement la capacité des femmes à disposer de leur corps comme elles le souhaitent : on leur nie la possibilité d’avoir le plein contrôle de leur corps, ce qui est scandaleux. Mais le plus révoltant réside dans le fait que la majorité des personnes prenant cette décision allant à l’encontre des droits des femmes soient de vieux sénateurs blancs.

C’est le point de départ de la proposition de Rolanda Hollis, législatrice dans l’Alabama : puisque les hommes se permettent de légiférer sur le corps des femmes, pourquoi ne pas faire de même avec leur corps ? En réponse à toutes ces décisions anti-avortement, elle propose donc de rendre la vasectomie obligatoire pour les hommes de plus de 50 ans ou ayant eu 3 enfants biologiques, et c’est eux qui paieront leur opération.

En effet, ces derniers, et surtout ceux qui s’engagent contre l’avortement, ont tendance à déléguer la responsabilité de la grossesse à la femme : si elle tombe enceinte, c’est son problème, et elle doit quand même garder l’enfant coûte que coûte, peu importe si le père est présent ou non alors qu’il a une responsabilité égale à celle de la femme. C’est donc un système hypocrite.

LA VASECTOMIE OBLIGATOIRE : LES HOMMES NE DOIVENT PAS LÉGIFÉRER SUR LE CORPS DES FEMMES

La vasectomie est une opération qui consiste à couper les canaux transportant les spermatozoïdes jusqu’aux testicules. Elle permettrait alors de responsabiliser les hommes et en même temps résoudre la question de l’avortement qui semble être un problème pour eux, puisque aucune grossesse ne pourrait avoir lieu suite à un rapport sexuel. Avec cette proposition, Rolanda Hollis souhaite envoyer le message selon lequel “les hommes ne devraient pas légiférer sur ce que les femmes font de leur corps”. 

Pour cette élue démocrate, la loi anti-avortement qui a été votée en Alabama dépasse “scandaleusement les limites”. Malgré tout, “année après année, le parti majoritaire continue de proposer une nouvelle législation qui tente de dicter aux femmes ce qu’elles doivent faire de leur corps en matière de procréation”, affirme-t-elle.

En effet, la procréation ne concerne véritablement que deux personnes, et la responsabilité de donner suite ou non à une grossesse ne devrait revenir qu’à la femme, dans la mesure où c’est elle qui porte l’enfant. “Tout comme je me tournerais vers mon médecin plutôt que vers mon législateur pour obtenir des conseils sur une intervention chirurgicale ou pour la prise de certains médicaments, c’est mon médecin – ainsi que mes proches – que je devrais consulter quand il s’agit de prendre des décisions incroyablement difficiles concernant mes droits privés en termes de procréation”, indique-t-elle. Les lois n’ont donc rien à faire là-dedans.

Cette proposition de loi a bien évidemment de nombreux détracteurs, dans la mesure où selon Jim Hill, on n’a “jamais vu une loi dont l’enjeu est de stériliser une personne, homme ou femme”. Mais d’autres, comme Randall Marshall, à la tête d’une association de défense des libertés civiles, ont compris que l’objectif de cette proposition était de “souligner l’hypocrisie de la législation de l’Alabama qui prend des décisions médicales pour les femmes alors qu’ils n’oseraient jamais en faire de même pour les hommes”. 

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