
Le British Antarctic Survey (BAS) a dévoilé la carte la plus détaillée à ce jour du socle rocheux de l’Antarctique, qui va aider les scientifiques à mieux comprendre ses flux de glace.
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L’Antarctique est le continent le plus difficile à cartographier, car la quasi-totalité de sa surface ainsi qu’une bonne partie des fonds marins qui l’entourent sont recouverts d’une épaisse couche de glace. D’une épaisseur moyenne de près de deux kilomètres, elle représente 70 % des réserves d’eau douce de la planète (27 millions de km³).
Pour obtenir cet aperçu sans précédent de sa topographie sous-jacente, les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Scientific Data, se sont appuyés sur six décennies de données aéroportées, satellitaires et maritimes et des modèles informatiques avancés.
Bien plus détaillée que les précédentes cartes établies par l’organisation, celle-ci révèle les plus hauts reliefs de l’Antarctique, ses canyons les plus profonds, ainsi que des régions où la glace atteint une épaisseur de près de 5 000 mètres.

Des informations fondamentales
Selon les chercheurs, ces travaux ont d’importantes implications pour notre compréhension de l’écoulement des glaciers à sa surface et de l’impact des rivières souterraines, convoyant de l’eau plus chaude, sur l’évolution globale de sa couverture glacée.
« Il s’agit d’informations fondamentales sur lesquelles s’appuient les modèles que nous utilisons pour estimer la manière dont la glace s’écoulera à mesure que les températures augmenteront », explique le glaciologue Hamish Pritchard. « Imaginez que vous versiez du sirop sur un gâteau de pierre : sa structure irrégulière déterminera comment il se répandra et à quelle vitesse. Les crêtes du socle antarctique contribueront à retenir la glace, tandis que ses creux et les régions plus lisses favoriseront son écoulement. »
On estime que la fonte complète de la calotte glaciaire antarctique provoquerait une hausse du niveau global des océans de près de 60 mètres. Avec un poids total estimé à 24,759 quadrillions de tonnes, une importante perte de glace entraînerait le « rebond » du socle antarctique.
Fin 2023, des chercheurs avaient découvert un paysage caché vieux de 14 millions d’années sous la glace du continent austral.