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— Morrissey Design Studio / Shutterstock.com

Le brochet crocodile est une créature étrange que de nombreux experts qualifient de « fossile vivant ». Pendant des millions d’années, ce poisson bizarre est resté obstinément semblable à ses anciens ancêtres. De nouvelles recherches ont finalement découvert ce qui explique cette stagnation de l’évolution chez ce poisson.

Un poisson qui est resté inchangé pendant plus de 100 millions d’années

Les Lépisostéidés, couramment appelés brochets crocodiles, sont des poissons connus pour leur corps allongé et leur museau distinctif en forme d’aiguille. Trouvés dans divers habitats d’eau douce en Amérique du Nord et en Amérique centrale, ainsi que dans certaines parties de Cuba, les brochets crocodiles se distinguent par le fait qu’ils sont restés relativement inchangés depuis des millions d’années. Cela leur a même valu le titre de « fossiles vivants ».

Pendant longtemps, les chercheurs ont essayé de comprendre comment cette espèce a réussi à éviter l’évolution et rester inchangée pendant plus de 100 millions d’années. Dans une nouvelle étude, des scientifiques de l’université Yale semblent avoir enfin trouvé une réponse à cette question. D’après les résultats de l’étude publiée dans la revue Evolution, si les brochets crocodiles ont si peu changé au fil du temps, c’est parce qu’ils ont le taux d’évolution moléculaire le plus lent parmi tous les vertébrés à mâchoires.

Une capacité extraordinaire à éviter les mutations génétiques

Pour aboutir à leurs conclusions, les chercheurs ont étudié le génome de plusieurs espèces animales considérées comme étant des « fossiles vivants ». Plus précisément, ils ont procédé à une analyse de 1 105 régions codantes de l’ADN chez 481 espèces de vertébrés à mâchoires. Cela a permis aux scientifiques de constater que le génome du brochet crocodile change si lentement que deux espèces de Lépisostéidés – le lépisosté osseux et le garpique alligator – qui ont divergé il y a plus de 105 millions d’années peuvent encore se croiser et produire une progéniture fertile.

En matière d’évolution, cela est comparable à la distance évolutive qui sépare les humains et les éléphants. Pour illustrer à quel point c’est impressionnant, il faut savoir que les chevaux et les ânes partageaient pour la dernière fois un ancêtre commun il y a seulement 4 millions d’années. Bien qu’ils puissent s’accoupler pour produire avec succès une progéniture connue sous le nom de mule, l’hybride est généralement stérile. D’après les chercheurs, si les brochets crocodiles ont réussi un tel exploit, c’est grâce à leur taux d’évolution moléculaire extrêmement lent.

En effet, lorsque les changements génétiques se produisent suffisamment lentement pour que même des espèces très différentes puissent encore s’accoupler et créer des hybrides, l’évolution de nouvelles espèces pourrait également être ralentie, permettant ainsi à l’hybride d’être fertile. Les chercheurs pensent que cette lenteur évolutive chez les brochets crocodiles pourrait être due à une capacité exceptionnelle à réparer les mutations et les autres erreurs dans leurs gènes. Cette étude est très importante, dans la mesure où la compréhension du mécanisme de réparation de l’ADN chez cette espèce de poisson pourrait avoir des applications potentielles pour la santé humaine. Par ailleurs, voici 10 animaux surprenants qui n’ont quasiment pas évolué depuis la Préhistoire.

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