Aller au contenu principal

Cet ancien lac découvert sous le Groenland pourrait avoir des millions d’années

Sa superficie a été estimée à 7 100 kilomètres carrés

— Johnny Giese / Shutterstock.com

Les vestiges d’un ancien lac géant ont été découverts dans le nord-ouest du Groenland. Enfoui profondément sous la calotte glaciaire, celui-ci aurait des centaines de milliers, voire des millions d’années, selon les chercheurs.

Un ancien bassin lacustre piégé sous près de 2 km de glace

Sous l’effet du réchauffement climatique, la gigantesque calotte glaciaire du Groenland (seconde plus importante après celle de l’Antarctique) diminue à un rythme alarmant. Ce qui s’est traduit l’année passée par l’identification de plus de 50 lacs sous-glaciaires, masses d’eau liquide issues de la fonte et emprisonnées entre le substrat rocheux et la calotte glaciaire. Présentée dans la revue Earth and Planetary Science Letters, cette nouvelle découverte se révèle cependant être d’une nature différente : il s’agit ici d’un ancien bassin lacustre, longtemps asséché et désormais rempli de sédiments meubles, se trouvant sous une plaque de glace d’1,8 km d’épaisseur.

D’après les chercheurs, le bassin aurait abrité un lac monumental d’une superficie d’environ 7 100 kilomètres carrés, qui se serait formé à un époque lointaine, lorsque la région était libre de glace. Alimenté par un réseau d’au moins 18 anciens ruisseaux se déversant le long d’un escarpement en pente au Nord, celui-ci aurait contenu environ 580 kilomètres cubes d’eau.

S’il est pour l’heure impossible de déterminer précisément l’âge du lac, les scientifiques estiment que l’analyse des sédiments préservés se trouvant à l’intérieur du bassin, comparés à une capsule temporelle géante, pourrait permettre une bonne estimation de celui-ci et nous offrir un aperçu de l’environnement du Groenland à cette époque lointaine.

L’ancien bassin lacustre (en rouge) ainsi que le réseau de ruisseaux l’ayant alimenté (en bleu) — © Adapted from Paxman et al., EPSL, 2020

Le lit du lac géant a été identifié dans le cadre de la mission « Operation IceBridge » de la NASA, visant à étudier l’évolution des régions polaires du globe. Au cours de vols au-dessus de l’inlandsis groenlandais, les scientifiques ont cartographié la géomorphologie sous-glaciaire en utilisant une série d’instruments mesurant les données radar, gravitationnelles et magnétiques. Des relevés ayant mis en évidence les contours d’une masse géante de sédiments, composée de matériaux moins denses et moins magnétiques que la roche plus dure qui l’entoure.

Comprendre les changements climatiques passés pour mieux prévoir l’évolution de la calotte glaciaire

Selon l’équipe, il est probable que le lac se soit formé à une époque plus chaude, suite au déplacement du substrat rocheux causé par la présence d’une ligne de faille sismique juste en dessous (aujourd’hui dormante). Il est également possible que des érosions glaciaires aient sculpté la forme du bassin au fil du temps.

Dans les deux cas, les chercheurs estiment que l’analyse des sédiments présents dans l’ancien bassin pourrait indiquer quand la région était libre ou couverte de glace, révéler les contraintes de l’étendue de la calotte glaciaire du Groenland et donner des indications sur les conditions climatiques et environnementales ayant régné dans la région. Mais pour cela, il faudrait pouvoir forer assez profondément afin de pouvoir en extraire des échantillons.

Selon les auteurs de l’étude, en apprendre davantage sur les changements climatiques précédemment connus par les régions polaires pourrait offrir des informations vitales afin de mieux interpréter ceux qui se produisent actuellement. « Nous nous efforçons de comprendre comment la calotte glaciaire du Groenland s’est comportée par le passé », note Guy Paxman, chercheur principal. « Cela est essentiel si nous voulons comprendre comment elle se comportera dans les décennies à venir. »

Un lac nouvellement formé au bord de la calotte glaciaire du Groenland, exposant les sédiments libérés par la glace. De tels lits de lac deviennent courants à mesure que la glace se retire — © Kevin Krajick / Earth Institute

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *