Pire bilan pour un mois de juillet depuis 2005, la forêt amazonienne a connu une nouvelle fois un terrible été. Le réchauffement climatique est ajouté aux positions du président Jair Bolsonaro, ouvertement sceptique aux données scientifiques.
Mille incendies par jour
Chaque année, les feux de forêts sévissent un peu partout dans le monde. Mais le cas de la forêt amazonienne inquiète toujours un peu plus. Au fil des ans, les incendies dans ce secteur n’ont cessé d’augmenter. D’une année à l’autre, les données ont enregistré une hausse de 200 % pour le mois d’août. Et 2020 ne fait pas office d’exception.
Samedi 1er août, l’INPE (l’Institut national de recherches spatiales du Brésil) a publié ses données concernant le mois de juillet. D’après les observations de ce dernier, les incendies de l’Amazonie brésilienne ont augmenté de 28 % par rapport au même mois en 2019. Des chiffres qui inquiètent les plus hautes instances qui luttent contre le changement climatique à travers le monde.
Par exemple, sur la seule journée du 30 juillet, les données satellitaires de l’INPE ont enregistré 1.007 incendies en Amazonie. Des chiffres qui donnent le tournis et représentent ainsi un sixième du chiffre total de ce mois. En effet, l’INPE estime que 6.803 incendies ont eu lieu dans l’Amazonie brésilienne en juillet 2020. En 2019, ils avaient été 5.319. Des chiffres affolants qui n’ont pas manqué de faire réagir Greenpeace. La célèbre ONG de défense de l’environnement a indiqué qu’il s’agissait du « pire jour pour un mois de juillet depuis 2005 ».
Un gouvernement immobile
Si les données dévoilées par l’INPE du Brésil font état du seul mois de juillet, le bilan est bien plus sévère en réalité. L’institut indique que 3.069 kilomètres carrés ont été décimés sur les six premiers mois de l’année, les incendies de l’Amazonie se déroulant principalement entre les mois de juin et d’octobre. Cependant, l’institut ajoute que cette première moitié de l’année a été la plus importante concernant la déforestation de l’Amazonie brésilienne.
En cause, la politique environnementale imposée par Bolsonaro. Ce dernier est même accusé par des militants écologistes de soutenir les défrichages illégaux. Cela lui permettrait ainsi d’exploiter les ressources minières de la zone mais aussi l’élevage intensif et l’agriculture. « Dans les textes, ces incendies sont interdits, mais l’interdiction ne fonctionne que s’il y a aussi une réponse sur le terrain, avec plus de patrouilles, explique le porte-parole de Greenpeace Brésil Romulo Batista. Les criminels ne sont pas spécialement connus pour se conformer à la loi. » Le président brésilien a même coupé le budget de l’agence environnementale brésilienne, l’Ibama.
Des pratiques et des décisions qui en agacent plus d’un. Spécialiste de l’Amazonie et chercheuse pour les universités d’Oxford et Lancaster, Erika Berenguer déclare que « tout ce qui fonctionnait a été jeté par la fenêtre ». Le manque de moyens et d’envie du gouvernement brésilien ne permet pas de lutter efficacement contre les défrichages illégaux.
Un système qui est bien rodé, puisque les organisations écologiques indiquent que des éleveurs, mineurs et agriculteurs “préparent” des zones de la forêt pour les brûler par la suite. Des pratiques illégales qui avaient engendré des manifestations partout dans le monde en 2019.