Et si une prise de sang nous permettait de détecter la maladie d’Alzheimer, et ce, 30 ans avant l’apparition de symptômes ? C’est l’exploit qu’a réussi une équipe scientifique composée de chercheurs japonais et australiens. Le taux de réussite de l’étude, menée sur 373 patients, est de 90 %.

 

Une démence incurable

Malgré tous nos progrès scientifiques et médicaux, l’Alzheimer demeure malheureusement incurable. Cette maladie dégénérative, qui touche plus de 900 000 Français et près de 33 millions de personnes dans le monde, est la cause de démence la plus fréquente chez l’être humain. Elle entraîne, au cours des 7 stades qui la composent, de légers oublis de mots à une perte totale de la mémoire, effaçant alors souvenirs et passé du malade.

Durant le stade terminal, la personne qui souffre d’Alzheimer n’est plus capable d’interagir avec son entourage, ne peut plus avoir une conversation, ne contrôle plus ses gestes… La menace de cette terrible maladie, difficilement diagnostiquable, pèse sur la tête de chacun et demeure la 4e cause de mortalité en France. D’après les données de la Fondation Recherche Médicale, 2 à 4 % de la population au-delà de 65 ans en souffrent.

Pour autant, les pays occidentaux connaissent une diminution des nouveaux cas d’Alzheimer grâce à une meilleure prise en charge des accidents cardiovasculaires et une meilleure préventions des maladies cardiovasculaires.

Une histoire de protéines

Petite explication scientifique : la maladie d’Alzheimer résulte de la présence de plaques amyloïdes et d’une concentration anormale de la protéine tau dans le corps du malade.

Les plaques amyloïdes se forment suite à un fort taux de bêta-amyloïde, un type de protéine. On peut la trouver dans le cerveau, mais également dans la circulation sanguine. Lorsqu’elle est présente en trop grande quantité, la bêta-amyloïde forme des plaques qui diminuent la communication entre les neurones. Les protéines tau, quant à elles, participent à la stabilité des neurones dans le cerveau. Mais lorsqu’elles s’accumulent anormalement, elles créent une tauopathie.

Associée à une accumulation anormale de protéines tau, la béta-amyloïde joue donc un rôle dans l’apparition de la maladie d’Alzheimer. Pour détecter ces deux protéines, il fallait jusqu’à maintenant débourser des fortunes dans des scanners cérébraux ou de complexes extractions de liquide céphalo-rachidien. Mais au fil des années, la communauté scientifique a découvert que les protéines tau, tout comme la bêta-amyloïde, s’accumulaient dans le corps du malade bien avant l’apparition des premiers symptômes d’Alzheimer : 20 à 30 ans auparavant.

La beta-amyloïde dans le cerveau.

 

Une prise de sang pour détecter ces protéines

Une équipe de scientifiques japonais et australiens se targue d’avoir réussi un exploit : celui de développer une prise de sang capable de détecter à 90 % une trop forte présence de bêta-amyloide dans le sang. « À partir d’un petit échantillon de sang, notre méthode nous permet de mesurer le taux de protéines liés à la bêta-amyloïde, et ce, même si leur concentration est très faible », déclare Koichi Tanaka, un des chercheurs à l’origine de l’étude parue dans Nature.

« Ce nouveau test a le potentiel de nous éviter des scanners très chers et très invasifs », affirme Colin Masters, auteur principal. Et de continuer : « Dans le futur, les gens auront un check-up régulier tous les 5 ans, pour vérifier s’ils vont souffrir de la maladie d’Alzheimer ou non ».

Interrogé par CNN, Rob Howard, officiant à l’University College de Londres, est plus pragmatique quant à cette découverte : « Tous les gens qui ont de la bêta-amyloïde dans le cerveau ne sont pas forcément affectés par un démence, et tous ceux qui ont des démences n’ont pas forcément de la bêta-amyloïde dans le cerveau. ». Pour l’instant, cette prise de sang révolutionnaire n’a été effectuée que dans des laboratoires japonais. Il faudra donc du temps pour la rendre conforme et surtout la tester plus en profondeur.

« Nous devons vérifier si le test fonctionne sur de plus grands échantillons de personnes, mais pour l’instant, il a le potentiel pour accélérer les essais cliniques et aider les gens souffrant d’Alzheimer à accéder à de nouveaux traitements », indique Doug Brown, chercheur à l’Alzheimer’s Society. Si nous sommes encore loin de son application officielle, cette prise de sang est synonyme d’espoir pour la communauté scientifique comme pour les malades…

Les personnes de plus de 65 ans sont plus souvent touchées par Alzheimer.
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