Nommée la « Grande ceinture des sargasses de l’Atlantique”, cette ceinture d’algues, située tout autour de l’Atlantique inquiète. En effet, avec leur odeur d’oeufs pourris et leur dégagement toxique, ces algues en décomposition menacent entre autres l’écosystème.

Cette ceinture d’algues, plus précisément de sargasses, s’étend du golfe du Mexique à la côte ouest de l’Afrique, recouvrant ainsi tout l’océan Atlantique tropical. Actuellement, c’est un énorme tapis d’algues flottant, qui rend les eaux à l’origine claires, brunâtres. “C’est la plus grande ceinture d’algues au monde”, explique Mengqiu Wang, la co-auteure de l’étude, et océanographe à l’université de South Florida.

En plus du fait que les Sargassum sentent mauvais, cette pile d’algues en décomposition peut nuire aux humains et aux animaux. L’hydrogène sulfuré, qui est à l’origine de l’odeur d’oeufs pourris, peut irriter les poumons, et plus particulièrement les personnes asthmatiques. A mesure que les algues pourrissent au niveau des côtes, les microbes décomposés consomment de l’oxygène, ce qui peut faire suffoquer les animaux marins. De plus, le sulfure d’hydrogène et l’ammonium, des produits chimiques rejetés pendant la désintégration, sont de véritables poisons pour la vie aquatique. Les scientifiques se sont intéressés aux causes possibles de la montée de ces algues en décomposition. Ils ont ainsi cherché à comprendre les corrélations possibles entre la croissance de ces algues brunes et d’autres facteurs comme la température de l’océan en surface, ou les niveaux de nutriments présents. Par le biais de ces analyses, qui ont été publiées dans la revue Science vendredi dernier, les chercheurs constatent que l’apport croissant de nutriments dans l’océan, provenant notamment du Brésil, serait à l’origine de ce phénomène.

La déforestation intensive ces dernières années dans la forêt amazonienne et l’agriculture ont conduit à plus d’azote et de phosphore dans l’Amazone, le fleuve, qui se jette directement dans l’océan. De plus, au large des côtes africaines, il y a un important site de remontée d’eau riche en nutriments. Grâce à une simulation informatique, Wang a pu constater que les courants océaniques pourraient transporter ces nutriments dans cette ceinture, le long de l’océan Atlantique, exactement là où les sargasses se situent. “C’est très rare de voir un tel schéma en eau libre”, explique Wang avant de poursuivre : “Si nous ne changeons rien, {la ceinture d’algues} sera toujours là.”

La présence de ces algues, causée par l’activité de l’Homme, témoigne d’un danger pour notre santé et pour les animaux marins et a un réel impact économique puisque les touristes ne peuvent supporter cette vue et cette odeur d’oeufs pourris.

Des sargasses dans la réserve naturelle nationale de Saint-Martin aux Antilles © WikiMedia Commons/ VELY Michel
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