agriculteurs
© Biswarup Ganguly / Wikimedia Commons

La transition vers l’agriculture est un chapitre marquant de l’histoire humaine, souvent perçu comme une période de développement pacifique et d’innovation technologique. Cependant, une étude révolutionnaire menée par des chercheurs de l’université de Lund, en Suède, et publiée dans la revue Nature, peint un tableau différent pour la Scandinavie. Cette recherche révèle comment l’arrivée des premiers agriculteurs a entraîné le déclin rapide des chasseurs-cueilleurs locaux il y a environ 5 900 ans.

Les premiers agriculteurs et la fin des chasseurs-cueilleurs

L’analyse de l’ADN prélevé sur les squelettes et les dents d’hommes préhistoriques découverts au Danemark a permis de tirer de nouvelles conclusions sur l’impact des migrations sur les populations du passé. L’analyse révèle notamment qu’au cours des 7 300 dernières années, le Danemark a connu deux migrations de population presque complètes. 

Le premier déplacement de population enregistré a eu lieu il y a 5 900 ans, lorsqu’un groupe d’agriculteurs d’origine et d’apparence diverses a repoussé les chasseurs, les cueilleurs et les pêcheurs qui habitaient auparavant la Scandinavie. La quasi-totalité de la population de chasseurs-cueilleurs a disparu en quelques générations.

L’idée d’une coexistence pacifique et d’une fusion entre les populations autochtones et les nouveaux arrivants semble contredite par la recherche. Selon la géologue Anne Birgitte Nielsen, qui dirige également le laboratoire de datation au radiocarbone de l’université de Lund, « les nouveaux agents pathogènes provenant du bétail ont probablement tué un grand nombre de cueilleurs en plus des morts violentes ».

L’invasion du peuple Yamnaya

Environ un millénaire après l’arrivée des premiers agriculteurs, il y a environ 4 850 ans, un autre événement transformationnel a eu lieu. Les Yamnayas, un groupe d’éleveurs de bétail originaire du sud de la Russie, ont migré en Scandinavie et ont éliminé la population d’agriculteurs qui les précédait. Là encore, il est possible que de nouvelles infections et des actes de violence aient eu un impact. 

Ce peuple robuste menait un mode de vie semi-nomade dans les steppes, domestiquant le bétail, dressant les animaux et parcourant de grandes distances à cheval et en chariot. Le mélange de gènes yamnayas et néolithiques est aujourd’hui prédominant dans le Danemark contemporain, tandis que l’ADN des premiers agriculteurs a été pratiquement effacé. 

Au cours de cette période, la population a également changé rapidement et il n’y avait pratiquement plus de survivants de la génération précédente. Bien que le matériel génétique de la Suède ne soit pas aussi nombreux, il suggère une trajectoire comparable. En d’autres termes, beaucoup de Suédois remontent à ces semi-nomades, explique Anne Birgitte Nielsen, dont les données polliniques quantitatives illustrent l’évolution de la végétation en fonction des variations de la population.

— © O.Mustafin / Wikimedia Commons

Implications et perspectives de la recherche

Ces découvertes remettent en question les narratifs historiques traditionnels, qui ont souvent minimisé les conflits et les difficultés associés aux périodes de transition majeures. En révélant la nature violente de ces changements démographiques, l’étude ouvre de nouvelles voies pour comprendre les changements dans la flore et l’utilisation des terres mis en évidence par les données paléoécologiques.

Au-delà de leur valeur historique, ces résultats ont des implications importantes pour la recherche médicale et la compréhension de l’évolution humaine. « Nos résultats contribuent à une meilleure compréhension de l’hérédité et de la pathogenèse de certains troubles. À long terme, cela pourrait être avantageux, par exemple, pour la recherche médicale », conclut Anne Birgitte Nielsen.

Par ailleurs, connaissez-vous réellement nos ancêtres, les hommes préhistoriques ?

S’abonner
Notifier de
guest

0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments