De nouvelles analyses génétiques ont permis d’obtenir l’aperçu le plus précis à ce jour de l’évolution des populations de chasseurs-cueilleurs sur le continent européen au cours de la dernière ère glaciaire.
Deux populations génétiquement distinctes de Gravettiens
Publiée dans la revue Nature, l’étude principale a impliqué l’examen de l’ADN de 356 chasseurs-cueilleurs, incluant pour la première fois les génomes de Gravettiens. Vivant dans des grottes ou des abris fabriqués à partir d’ossements de mammouths, ce groupe de chasseurs était également connu pour sculpter leurs défenses. Contrairement à ce que l’on estimait jusqu’alors, il s’est avéré que les deux populations connues, l’une en Europe occidentale et l’autre en Europe méridionale, étaient génétiquement distinctes.
Les chercheurs ont également découvert que les Gravettiens occidentaux avaient réussi à survivre au dernier maximum glaciaire (il y a entre 19 000 et 25 000 ans, lorsque les glaciers recouvraient 25 % des terres émergées et une grande partie de l’Europe) en se réfugiant dans la péninsule ibérique. Une fois les conditions redevenues plus clémentes, ceux-ci auraient migré vers le nord-est du continent.
Une hypothèse étayée par la seconde étude, au cours de laquelle les chercheurs ont examiné des dents fossilisées vieilles de 23 000 ans et constaté qu’un individu associé à une autre culture du sud-ouest de l’Europe présentait des similitudes génétiques frappantes avec les Gravettiens occidentaux.
Des interactions plus complexes que prévu
Ces travaux ont également montré que les Gravettiens méridionaux avaient disparu après le dernier maximum glaciaire et été remplacés par une population des Balkans. Ce nouveau groupe, dit de Villabruna, a commencé à se répandre à travers le reste de l’Europe il y a environ 14 000 ans, se mêlant finalement à ceux originaires d’Ibérie.
À peu près à cette époque, les forêts se sont développées en Europe à mesure que le climat se réchauffait, et une nouvelle population hybride de chasseurs-cueilleurs, probablement plus à l’aise au sein de ce type d’environnements, est devenue dominante.
Selon Jennifer French, de l’université de Liverpool, de telles découvertes contribuent à approfondir notre compréhension des groupes complexes qui peuplaient alors l’Europe. « Ces données génétiques montrent que nous avions une vision très simplifiée des interactions entre ces populations », commente la chercheuse. « Elles apportent des nuances que les données archéologiques ne nous avaient pas permis d’obtenir. »
Par Yann Contegat, le
Source: Smithsonian Magazine
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