Pour la première fois chez les hyménoptères, des chercheurs ont découvert une abeille femelle issue de la fusion du noyau de deux spermatozoïdes au sein d’une colonie d’abeilles jaunes. Explications.
Clonage et gynandromorphisme chez les abeilles
Abeilles, guêpes, fourmis et frelons, tous appartiennent à la grande famille des hyménoptères. Il s’agit d’insectes dits « haplodiploïdes » : les femelles sont théoriquement issues d’œufs diploïdes (fécondés et contenant deux jeux de chromosomes) alors que les mâles proviennent d’œufs haploïdes (non fécondés et contenant un seul jeu de chromosomes). Jusqu’à présent, les scientifiques avaient pu observer des cas de clonage de chez les mâles et les femelles ou de gynandromorphisme, un état chimérique où des cellules distinctement mâles et femelles constituent l’individu.
Les spécimens d’abeilles dits gynandromorphes sont généralement issus d’une fécondation polyspermique, impliquant comme son nom l’indique plus d’un spermatozoïde. Comme l’a expliqué Sarah Aamidor, co-auteure de l’étude parue dans la revue Biology Letters : « Habituellement, seul un spermatozoïde fusionne avec le génome maternel pour créer une femelle abeille diploïde et l’accès aux autres spermatozoïdes est alors empêché. Mais dans le cas d’une polyspermie gynandromorphe, le spermatozoïde surnuméraire n’est pas éliminé et fusionne avec l’amas de cellules ».
Un spécimen femelle qui possède uniquement les gènes de ses deux pères biologiques
Ce second spermatozoïde va ensuite se diviser et devenir une partie de l’embryon en développement, un phénomène courant chez certaines colonies d’abeilles. Dans le cadre de leurs recherches, les scientifiques ont découvert que 10 des 11 abeilles gynandromorphes observées possédaient entre trois et quatre origines parentales différentes, avec un ratio d’une mère pour deux à trois pères. Plus étonnant encore, le dernier insecte analysé n’avait même pas d’origine maternelle : elle possédait des organes féminins mais était issue de la fusion de deux noyaux de spermatozoïdes.
Il s’agit selon les auteurs de l’étude du premier cas rapporté de fusion de spermatozoïdes qui conduit à la formation d’une femelle chez les hyménoptères, un phénomène extrêmement rare et impossible chez les mammifères. Selon Sarah Aamidor : « L’hypothèse la plus probable est que le génome maternel a été supprimé contrairement à celui contenu dans le spermatozoïde supplémentaire ». En d’autres termes, la fusion du noyau de deux spermatozoïdes ayant donné naissance au spécimen femelle en question serait le fruit d’une mutation génétique encore inconnue.
Par Yann Contegat, le
Source: Sciences et Avenir
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