Près du Caire, des archéologues signent une découverte majeure. Ils ont mis au jour un temple solaire dédié à Rê, vieux de 4 500 ans, qui abrite un calendrier religieux gravé dans la pierre. Cette trouvaille éclaire les pratiques rituelles égyptiennes et confirme le rôle central du culte solaire dans la civilisation pharaonique.

Un vaste complexe solaire conçu comme un parcours sacré reliant le Nil à la colline divine dédiée au dieu Soleil Rê
À quelques kilomètres d’Abou Ghorab, sur un site longtemps resté discret, les archéologues ont identifié un temple solaire monumental datant de la Ve dynastie. Ils l’ont intégré à un ensemble religieux cohérent, conçu dès l’origine pour honorer exclusivement le dieu Soleil et structurer son culte.
Le complexe repose sur deux espaces complémentaires. Le temple supérieur, perché sur une colline, accueillait les rites les plus sacrés. En contrebas, près du Nil, le temple de la vallée servait d’entrée principale. Les fidèles arrivaient probablement par bateau, en suivant les canaux.
Une chaussée monumentale reliait ensuite les deux édifices. En gravissant cette rampe, le visiteur quittait progressivement le monde des hommes. Le parcours matérialisait une élévation spirituelle et imitait, dans la pierre, la course quotidienne du soleil dans le ciel.
Une découverte longtemps empêchée par les eaux souterraines, rendue possible plus d’un siècle après les premières tentatives archéologiques
Le temple de la vallée n’a rien de récent. En 1901, l’égyptologue Ludwig Borchardt en avait déjà repéré les vestiges. Il a toutefois interrompu ses fouilles rapidement. La nappe phréatique, trop élevée, empêchait toute excavation profonde avec les moyens de l’époque.
Les conditions ont changé au XXIe siècle. Le niveau des eaux souterraines a baissé et les méthodes ont évolué. L’équipe dirigée par Massimiliano Nuzzolo a alors relancé les fouilles. Depuis 2024, les archéologues ont dégagé près de la moitié du bâtiment.
Les fouilles ont livré des éléments architecturaux majeurs et des inscriptions décisives. Elles attribuent clairement le complexe au pharaon Niouserrê, figure clé du culte solaire. Le souverain lui aurait donné le nom de Shesepibrê, « Celui qui réjouit le Cœur de Rê ».
Un immense calendrier religieux gravé à l’entrée du temple, probablement destiné à être vu par tous les fidèles dès leur arrivée
La découverte la plus marquante reste ce calendrier religieux monumental. Les artisans l’ont gravé sur de grands blocs placés près de l’entrée. Là où Borchardt n’avait vu qu’un fragment, l’équipe actuelle a reconstitué la quasi-totalité du dispositif.
Les inscriptions évoquent des fêtes dédiées à Sokaris, Min et Rê. Leur position, visible dès l’arrivée, n’a rien d’anodin. Les chercheurs y voient un calendrier public, peut-être le premier connu, destiné aux prêtres comme aux visiteurs.
Ce calendrier solaire révèle comment les Égyptiens organisaient le temps, les fêtes et la relation entre les hommes et les dieux
Ce calendrier gravé agit comme une archive exceptionnelle du temps religieux. Il associe chaque fête à une divinité et à un moment précis. Il révèle une organisation stricte des rites, qui annonce déjà la logique des calendriers liturgiques modernes.
La découverte remet le culte solaire au cœur de la spiritualité égyptienne. À une époque où le soleil rythmait la vie humaine, les temples ne servaient pas seulement à prier. Ils fonctionnaient aussi comme des instruments pour mesurer et sacraliser le temps.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: geo.fr
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