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Une découverte scientifique inédite : un lézard vieux de 242 millions d’années réécrit l’origine des serpents et des tuataras

La découverte d’Agriodontosaurus helsbypetrae, plus ancien lépidosaure connu, révèle que les traits attendus chez les ancêtres des serpents et du tuatara sont très différents de ce que l’on croyait.

Fossile de lézard préhistorique vieux de 242 millions d’années mis au jour lors de fouilles paléontologiques
Ce fossile de reptile vieux de 242 millions d’années bouleverse les scénarios établis sur l’évolution des lézards et des serpents – DailyGeekShow.com / Imagen

Ce fossile ancien montre que les lépidosaures ne possédaient pas encore tous les traits modernes

Agriodontosaurus helsbypetrae, découvert dans le sud de l’Angleterre, reposait dans les couches de sable rouge du Trias moyen. Il date d’environ 242 millions d’années.

Ce reptile insectivore est un rhynchocéphale, un parent proche du tuatara, et devient le plus ancien membre confirmé du groupe des Lepidosauria.

Les scientifiques pensaient que les premiers lépidosaures avaient un crâne partiellement mobile, des dents sur le palais et une barre temporale inférieure ouverte.

Cependant, ce fossile ne présente pas ces traits comme prévu. Agriodontosaurus n’a pas de dents palatines visibles. Son crâne est rigide. Il possède tout de même la barre temporale inférieure ouverte.

Cette absence de certains traits modernes chez un ancêtre aussi ancien indique que l’évolution des lépidosaures s’est déroulée par étapes successives. Cela contredit donc l’idée d’une transformation unique et rapide. Les scientifiques doivent revoir leurs hypothèses sur les premières adaptations fonctionnelles des reptiles à mâchoire moderne.

De plus, cette découverte illustre l’importance de la diversité morphologique dans l’évolution.

Une dentition exceptionnelle : de grosses dents marginales comme unique arme

Ce lézard possède des dents marginales particulièrement larges : coniques à l’avant, triangulaires à l’arrière. Ces dents pouvaient servir à saisir, broyer ou trancher ses proies, principalement des arthropodes ou insectes à carapace dure. En l’absence de dents sur le palais, la langue et la mâchoire marginale jouaient un rôle central pour manipuler la nourriture.

Cette combinaison de traits dentaires est inédite parmi les lépidosaures anciens. Elle suggère donc une spécialisation alimentaire plus poussée qu’on ne l’imaginait.

Cette morphologie dentaire renforce l’idée d’un comportement alimentaire actif. Elle révèle un mode de chasse basé sur la capture de proies solides.

Cela contraste fortement avec les mécanismes de succion ou d’avalement passif observés chez certains lézards modernes. Grâce à cette découverte, on découvre des stratégies de prédation déjà bien développées. Cela prouve que, même à une époque aussi reculée, l’évolution avait produit des formes très spécialisées.

Impact évolutif : ce fossile repousse la date de divergence des serpents, lézards et tuataras

Agriodontosaurus helsbypetrae fixe désormais un âge minimal de 245 à 241 millions d’années pour l’origine des Lepidosauria, incluant les lignées menant aux serpents et aux lézards. Cette découverte recule le point de divergence entre Rhynchocephalia (tuataras et apparentés) et Squamata (lézards, serpents).

Elle remet également en question l’idée que les caractéristiques modernes, comme les dents palatines ou le crâne mobile, seraient apparues très tôt.

En réalité, l’évolution des traits de lézard et de serpent semble avoir été plus lente, graduelle, et peut-être plus complexe qu’on ne le pensait.

Il est aussi possible que certains traits aient émergé en parallèle dans différents sous-groupes. Cela remettrait alors en cause certaines classifications phylogénétiques actuelles. Les chercheurs devront donc revoir certaines hypothèses à la lumière de ce nouvel indice fossile.

Une découverte qui réécrit notre vision des reptiles anciens

Agriodontosaurus helsbypetrae confirme que les ancêtres des lézards, serpents et tuataras ne ressemblaient pas à une version réduite de ces animaux modernes.

Ils avaient des dentitions spécialisées, un crâne rigide, et manquaient de nombreux traits classiques attendus.

Cette découverte contraint donc les scientifiques à réévaluer les modèles d’évolution des lépidosaures. Elle les pousse à ajuster les chronologies et à envisager que certains traits modernes sont plus récents ou convergents que supposé.

Cela rappelle à quel point chaque fossile bien conservé, analysé avec des techniques modernes comme la microtomographie synchrotron, peut modifier entièrement notre compréhension de l’évolution. Agriodontosaurus ne comble pas seulement une lacune. Il redessine les contours du passé reptilien.

Ce lézard minuscule, vieux de plus de 240 millions d’années, offre un nouveau point de départ pour comprendre la diversification rapide des reptiles après l’extinction du Permien.

Il montre ainsi qu’un simple fossile peut profondément bouleverser notre récit de l’histoire de la vie.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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