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Les humains ont tellement exploité les océans qu’ils ont brisé une loi naturelle de la vie océanique

Cela démontre une fois de plus à quel point nous détruisons notre planète

— wildestanimal / Shutterstock.com

L’être humain a eu bien des influences sur ce qui existe sur la planète, et dans la majorité des cas, ça n’a pas été une bonne chose. La preuve en est que les scientifiques viennent de constater que les humains ont rompu le spectre de Sheldon, une loi naturelle qui régit la vie océanique. Bien évidemment, cela n’augure rien de bon ni pour l’écosystème marin ni pour les humains.

Le spectre de Sheldon, qu’est-ce que c’est ?

La pêche est l’une des plus vieilles activités humaines. Selon les experts, les humains ont commencé à pêcher il y a 40 000 ans et ils continuent activement aujourd’hui. En fait, les activités de pêche sont si intenses de nos jours que cela a un impact nocif sur l’environnement. Selon une nouvelle étude publiée dans la revue Science Advances, la surpêche est telle que cela a brisé une loi de la vie maritime connue sous le nom de théorie du spectre de Sheldon. Cette théorie explique qu’il existe une corrélation inverse entre la taille d’un organisme et son abondance dans l’océan. Autrement dit, cela signifie que la masse totale d’une population marine est constante, même si la taille individuelle change.

Ainsi, plus une espèce est grande en termes de taille et de masse, plus il y a systématiquement moins d’individus au sein d’un groupe d’espèce défini. Par exemple, puisque le krill est 12 fois plus petit que le thon, il est également 12 fois plus abondant que le thon dans les mers et les océans. Cela signifie qu’en termes de biomasse, la quantité de thon et de krill dans les océans est égale. Grâce à des études sur ce sujet, les scientifiques ont pu constater que cette règle s’appliquait pour tous les animaux marins, allant des plus petites bactéries en passant par les planctons et les poissons jusqu’aux plus grandes espèces de baleines.

— Imagine Earth Photography / Shutterstock.com

Un déséquilibre qui a commencé après l’époque préindustrielle

Dans le cadre de leur étude, un groupe international de chercheurs a voulu tester cette théorie à un niveau planétaire. À cet effet, ils ont utilisé des reconstructions historiques et des modèles d’écosystèmes marins pour estimer la biomasse avant le début de la pêche à l’échelle industrielle (avant 1850), et ont comparé ces données à celles d’aujourd’hui. Leur approche s’est notamment concentrée sur 12 grands groupes de vie aquatique sur environ 33 000 points de la grille océanique. L’évaluation des données préindustrielles a largement permis de confirmer l’hypothèse originale : il existe une biomasse remarquablement constante dans toutes les classes de taille, même s’il existe quelques exceptions.

« Nous avons été étonnés de voir que chaque classe de taille d’ordre de grandeur contient environ 1 gigatonne de biomasse à l’échelle mondiale », a déclaré le Dr Eric Galbraith, auteur principal de l’étude, selon un rapport de Phys.org. Malheureusement, l’hypothèse ne peut plus se vérifier de nos jours, et il ne s’agit certainement pas d’un phénomène naturel. À cause de la surpêche et de la surexploitation des ressources halieutiques, les spectres de masse dans les océans ne sont plus constants. « Les humains ont eu un impact sur l’océan d’une manière plus dramatique que la simple capture de poissons. Il semble que nous ayons brisé le spectre des tailles, l’une des plus grandes distributions de loi de puissance connues dans la nature », a expliqué le Dr Ryan Heneghan, coauteur de l’étude.

Ce déséquilibre concerne surtout les grands animaux marins comme les baleines et les dauphins. D’après l’étude, ils ont subi une perte de biomasse de 2 gigatonnes – soit une perte d’environ 60 % – au cours de l’ère industrielle. Selon les chercheurs, cela met en évidence l’impact désastreux de la pêche industrielle. Pour l’instant, on ignore encore l’effet exact de ce phénomène sur l’écosystème marin, mais des études sont prévues pour en avoir une meilleure compréhension. En revanche, les chercheurs ont indiqué que la solution au problème était simple : réduire la surpêche. Ils ont notamment précisé que le poisson représente moins de 3 % de la consommation alimentaire humaine annuelle, donc agir sur la pêche ne devrait pas être difficile.

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  • Merci pour ce très clair et très instructif article sur les travaux de l’université Mc Gill !!! Il explique bien comment les scientifiques québécois ont démontré l’impact négatif de l’homme sur l’eco système marin!!!!