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Comment le confinement a-t-il stoppé net la grippe saisonnière ?

La saison grippale de 2020 a été raccourcie de 6 semaines dans l’hémisphère nord

Ces nouvelles recherches suggèrent que les mesures de fermeture des lieux publics et de distanciation sociale visant à limiter la propagation du coronavirus auraient raccourci la saison de la grippe dans l’hémisphère nord d’environ six semaines.

Une saison grippale 2020 raccourcie de 6 semaines dans l’hémisphère nord

À l’échelle mondiale, on estime qu’entre 290 000 et 650 000 personnes meurent chaque année de la grippe saisonnière, de sorte qu’une saison grippale plus courte pourrait se traduire par des dizaines de milliers de vies épargnées. Mais les impacts concrets de ce raccourcissement sur la santé mondiale restent difficiles à évaluer, en raison du grand nombre de décès dus au Covid-19. Toutefois, le suivi de la grippe et d’autres maladies infectieuses peut contribuer à révéler l’efficacité des politiques de santé publique visant à enrayer la pandémie de coronavirus.

Les cas de grippe saisonnière dans l’hémisphère nord atteignent généralement leur pic en février et se terminent à la fin du mois de mai. Cette année, les cas de grippe confirmés ont chuté de façon spectaculaire début avril, quelques semaines après que l’OMS a requalifié l’épidémie de coronavirus en pandémie.

Dans le cadre de ces travaux publiés dans le British Medical Journal, une équipe de chercheurs hongkongais a examiné les données relatives aux tests effectués sur plus de 150 000 échantillons provenant de laboratoires répartis dans 71 pays, communiquant leurs résultats sur les serveurs de FluNet, système de surveillance mondial de la grippe. Ce qui leur a permis de déterminer que l’épidémie de grippe 2020, bien partie pour devenir la plus sévère depuis des décennies avant la pandémie de coronavirus, avait été raccourcie d’environ six semaines.

— DimaBerlin / Shutterstock.com

Quand la pandémie entraîne une baisse spectaculaire du nombre de cas

Bien que d’autres facteurs aient pu contribuer à cette baisse spectaculaire du nombre de cas enregistrés, avec par exemple des personnes présentant des symptômes grippaux étant restées confinées chez elles et n’apparaissant par conséquent pas dans les statistiques, les mesures visant à endiguer la propagation du coronavirus représentent vraisemblablement des facteurs clefs.

Selon l’OMS : « Les mesures mises en place, notamment le confinement, les déplacements restreints ou la distanciation sociale ainsi qu’une meilleure hygiène personnelle ont probablement eu un effet sur la baisse de la transmission de la grippe et d’autres virus respiratoires. »

Les données locales de l’État de New York montrent également un schéma similaire. Bien que la saison de la grippe ait commencé quelques semaines plus tôt que d’habitude dans cet État, le taux de cas a fortement diminué et la saison s’est terminée cinq semaines plus tôt. À Hong Kong, la saison grippale 2019-20 a été 63 % plus courte que celle des cinq années précédentes, tandis que le nombre de décès lui étant imputés et ayant été confirmés en laboratoire a diminué de 62 %. Soit une baisse similaire à celle observée lors de l’épidémie de 2003 du coronavirus apparenté à l’origine du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère).

Graphique montrant la forte diminution des infections grippales dans l’hémisphère nord, consécutive à la mise en place de mesures mondiales visant à enrayer la pandémie de coronavirus.

D’autres maladies infectieuses impactées

D’autres maladies infectieuses auraient également été impactées cette année, selon Pak-leung Ho, co-auteur de l’étude. À Hong Kong, le nombre de cas de varicelle a connu une baisse de 50 à 75 % environ par rapport aux années précédentes. Tandis qu’à l’échelle mondiale, les cas de rougeole et de rubéole ont été les plus faibles depuis 2016 (avec seulement 36 cas avérés selon les données provisoires). Ho note qu’il s’agit généralement de maladies touchant les enfants, et que cette forte baisse s’explique en grande partie par la fermeture des établissements scolaires.

Amanda Simanek, épidémiologiste de l’université du Wisconsin, a de son côté estimé que les mesures restrictives pourraient avoir entraîné une diminution du nombre de cas d’infections sexuellement transmissibles, rappelant toutefois qu’une diminution de leur dépistage et de leur traitement entraînerait probablement une hausse ultérieure.

D’autres maladies transmissibles, telles que la tuberculose, sont davantage susceptibles de connaître une recrudescence, avec l’arrêt des programmes visant à lutter contre ces maladies durant la pandémie. Selon le dernier rapport de l’organisation internationale Stop TB Partnership, un arrêt de 3 mois suivi d’une période de redémarrage de 10 mois provoqueraient 1,37 million de décès supplémentaires dans le monde au cours des 5 prochaines années.

La saison de la grippe dans l’hémisphère sud ne faisant que commencer, (celle-ci atteignant généralement son pic en juillet ou en août), les chercheurs ignorent si des tendances similaires y seront observées.

Par Yann Contegat, le

Source: Nature

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