Dans le monde de l’animation japonaise, certains réalisateurs sont devenus des légendes, sources d’inspiration pour les générations suivantes et lumières à travers le temps. La France étant le deuxième pays consommateur de japanimation, c’est un pan entier de notre culture populaire qui s’est cristallisé autour d’un style graphique, une façon de raconter les histoires, une manière de penser aussi. Dignes d’une attention particulière, SooGeek a voulu rendre hommage à 9 de ces génies les plus influents de l’histoire de l’animation nippone.
Hideaki Anno
Il n’aura fallu à Anno qu’un seul chef-d’œuvre pour entrer au panthéon des réalisateurs de la japanimation, et quelle œuvre ! Neon Genesis Evangelion, monument post-apocalyptique blindé de Kaijus, reflet de ses propres névroses et pièce maîtresse de sa carrière. Pourtant, ce grand artiste est capable de nous conter bien d’autres histoires et se démarque également par son travail sur des séries comme Nadia, le secret de l’eau bleue, adaptation très libre du roman Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne. Caractérisé par son exploration psychologique des caractères et son storytelling postmoderne, Hideaki Anno a su créer pour son audience des œuvres mixant divertissement et défi intellectuel. Merci, et félicitations !
Yoshiyuki Tomino
Il a débuté par des storyboards et des scripts pour Astro Boy de Osamu Tezuka et finira par laisser son empreinte dans le monde de l’animation avec deux séries : Yūsha Raideen en 1975 et Mobile Suit Gundam en 1979. Yoshiyuki Tomino popularisera le style mecha ou robots géants grâce à Yūsha Raideen, mais c’est bien les mécaniques de Mobile Suit Gundam qui propulseront le genre au sommet de l’animation. Plus ancré dans la réalité, il parvient à rendre les mechas scientifiquement plausibles et crée ainsi une des licences les plus durables de l’histoire avec de nombreuses séries et films dérivés de son univers singulier.
Isao Takahata
Cofondateur du studio Ghibli, Takahata a laissé une marque indélébile dans l’industrie de l’animation japonaise. Connu pour des œuvres comme Pompoko en 1994 et Mes voisins les Yamada en 1999, c’est sa critique cinglante de la guerre dans Le Tombeau des lucioles qui marquera l’histoire à tout jamais. Nombre de critiques offrent volontiers une place de choix à ce joyau de l’animation de 1988 dans leur liste du meilleur du cinéma mondial. Souvent éclipsé par Miyazaki, Takahata n’en est pas moins une des légendes de l’animation.
Katsuhiro Otomo
Reconnu par ses pairs comme l’un des artistes les plus importants de sa génération, Katsuhiro Otomo est le réalisateur du monstrueux Akira de 1988. Ce film post-apocalyptique mêlant gangs de motards et expériences génétiques est une des productions les plus célèbres de l’histoire de l’animation japonaise. Nous lui devons un autre long métrage, chef-d’œuvre à l’univers steampunk, le magnifique Steamboy de 2004 et quelques courts comme Memories de 1995 ou Short Peace de 2013. A voir et revoir sans concessions.
Satoshi Kon
Emporté à 46 ans par un cancer du pancréas, la maladie aura dérobé au monde l’un des rares réalisateurs méritant le titre de visionnaire. Fasciné par des sujets comme la nature même de la réalité, Satoshi Kon aura concentré son travail sur l’introspection de ses personnages, avec des questionnements profonds sur leur propre santé mentale ou le fonctionnement psychologique de l’autre. Dans Perfect Blue de 1997, Millennium Actress de 2001 et Paprika de 2006, il signe les plus impitoyables et mentalement éprouvants films d’animation de sa génération. Sa série Paranoia Agent de 2004 est elle aussi passée culte et compte de nombreux fans tout autour du globe.
Noboru Ishiguro
Noboru Ishiguro. Ce nom restera lié à certaines des franchises les plus appréciées de l’histoire de l’animation nippone comme Yamato de 1974, Lupin III de 1977 ou Macross de 1982 pour ne citer que quelques exemples. Yamato en particulier aura marqué un tournant décisif en élevant l’animation japonaise à un niveau plus complexe et plus mature des scénarios. Cette série de science-fiction ne donne qu’un an à l’humanité pour échapper à l’annihilation suite au bombardement nucléaire de la Terre en l’an 2199 par les Gamilas, une race extraterrestre. Le vaisseau spatial Yamato est construit en secret grâce à d’étranges schémas trouvés sur Mars. Commence alors une épopée intergalactique avec pour mission de trouver le moyen de sauver la Terre.
Shinichirō Watanabe
Référence de l’animation japonaise, Watanabe n’est autre que le créateur de Cowboy Bebop et Samurai Champloo, chefs-d’œuvre intemporels aux personnages électriques. Son travail cherche toujours à défier les conventions et fascine l’audience en cultivant anachronismes culturels, action détonante et musiques de haut vol. On retrouve d’ailleurs la musique au cœur de l’animation dans Kids on the Slope, la découverte du jazz par un jeune étudiant sur une mauvaise pente, et Space Dandy, une chasse aux aliens sur fond de space opera hilarant.
Réalisateur de talent et musicologue accompli, il privilégie depuis toujours la qualité face à la quantité et prouve chaque fois sa maîtrise de l’animation avec différents styles visuels expérimentaux et l’utilisation de la musique comme moteur de ses œuvres.
Osamu Tezuka
« Parrain de l’animation », « dieu du manga » ou encore « Walt Disney japonais », Osamu Tezuka s’est vu recevoir beaucoup de titres au fil de sa carrière. Si ses plus grands chefs-d’œuvre se lisent sur papier, ce pionnier de l’animation japonaise est et restera l’un de ceux qui ont le plus influencé l’animation contemporaine. Bourreau de travail, Il a signé plus de 700 œuvres et réalisé environ 70 séries animées, téléfilms animés, longs et courts-métrages d’animation avec pour thèmes constants le respect de l’environnement, de la vie, un profond scepticisme envers la science et la civilisation et un solide engagement contre la guerre.
Dès 1950, c’est Le Roi Léo qui pose les questions de la place de l’individu dans la société et mène une réflexion sur l’impact de l’homme sur la nature. En 1963, Astro Boy prend appui sur les grandes figures héroïques Marvel pour revisiter le thème du Prométhée moderne. Black Jack, le médecin de génie, soulèvera lui en 1973 des interrogations sur la valeur de la vie, l’éthique et inspirera même un autre personnage hors normes bien des années plus tard, le Dr House.
Hayao Miyazaki
Aucun débat n’est permis. Hayao Miyazaki est le plus grand réalisateur d’animation japonaise du monde et de l’histoire. Inutile de le présenter, mais impossible de le rayer de la liste. L’affront serait impardonnable tant son travail aura inspiré les nouvelles générations d’artistes. De son entrée à Toei Animation en 1963 à la fondation du studio Ghibli en 1985, du succès de Nausicaä de la vallée du vent en 1984 à la fin de sa carrière avec Le vent se lève en 2013, l’œuvre de ce grand artisan de l’image aura été maintes fois récompensée, saluée, honorée et surtout chérie par des millions d’enfants et adultes de tous horizons.
Intemporel et universel, son travail aura touché chaque spectateur avec des thèmes profonds comme la famille, la guerre et le conflit entre nature et technologie. Il rejette les inégalités et prendra d’ailleurs l’habitude de choisir pour personnages principaux de jeunes femmes indépendantes et fortes au caractère bien trempé. Aimé et respecté de tous, Miyazaki est définitivement l’une des influences créatives les plus puissantes de l’univers cinématographique de ces 50 dernières années.
Véritables monstres sacrés du 7e art nippon, ils ont tous consacré leur vie à nous émerveiller, nous surprendre et nous enchanter dans des films parfois joyeux, parfois tristes, mais toujours grandioses. Chacune de leurs créations est une expérience unique qui inspire et aspire à, peu à peu, changer le monde. Des réalisateurs de talent qui ont souhaité partager leurs histoires avec le plus grand nombre et qui ont finalement marqué les esprits en même temps que l’histoire.
Par Gabriel Pilet, le
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