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L’Anses s’inquiète du « manque important de données sur les effets sanitaires » des ondes 5G en France

Les spécialistes ne savent pas encore si l'utilisation à long terme de la 5G a des effets sur notre santé

Alors que la 5G arrive à grands pas en France et promet de révolutionner les usages de nos smartphones, de nos voitures autonomes et même de la santé, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) constate déjà que son développement annonce un manque significatif de données scientifiques sur ses effets sanitaires et environnementaux.

« Un manque important voire une absence de données scientifiques sur les effets biologiques et sanitaires »

La 5G ne devrait pas tarder à se déployer en France. Son arrivée sur l’Hexagone s’accompagne toutefois de diverses interrogations au sujet de ses effets sanitaires et environnementaux. Afin d’apporter les réponses nécessaires à ces questionnements, les ministères de la santé, de l’écologie et de l’économie ont fait appel à l’Anses. Cette dernière a étudié les risques de l’exposition des habitants aux champs électromagnétiques provoqués par la 5G et qui permettra de transférer des données mobiles plus rapidement et en plus grande quantité. « Ces évolutions technologiques vont modifier les modalités d’exposition de la population, et nécessiteront d’adapter les méthodes de mesure et d’évaluation. Nous identifions deux champs d’expertise à approfondir« , explique l’Anses dans un rapport publié le 26 janvier.

Tout d’abord, l’agence constate « un manque important voire une absence de données scientifiques sur les effets biologiques et sanitaires potentiels liés aux fréquences autour de 3,5 GHz« . Il n’est actuellement pas possible de savoir si cela aura des risques. Ensuite, l’Anses évoque les fréquences les plus élevées appelées « millimétriques » qui seront utilisées plus tardivement et qui comprennent davantage de données. « Aujourd’hui, personne n’est capable de prévoir avec certitude combien de personnes et quand elles utiliseront ces réseaux 5G« , explique Olivier Merckel, expert de l’Anses.

L’Anses exige donc de tous les opérateurs qu’ils fournissent les données techniques afin d’établir quels niveaux d’exposition seront sans risques. « Aujourd’hui, on ne peut pas encore dire si les Français seront davantage exposés aux champs électromagnétiques. Le niveau d’exposition va beaucoup dépendre de l’usage qui sera fait de la 5G. Tant que le déploiement n’est pas fait, nous pouvons seulement faire des simulations à partir de différents scénarios d’exposition.« 

— Sasin Paraksa / Shutterstock.com

Des estimations et analyses sont encore nécessaires

Le Centre international de recherche sur le cancer a estimé en 2011 que les radiofréquences comprises entre 30 kHz et 300 GHz sont possiblement cancérogènes. « Aujourd’hui, il y a des incertitudes sur les effets à long terme d’une utilisation intensive du téléphone portable. Certaines études montrent des excès de risques pour les cancers ou les tumeurs du cerveau, note Olivier Merckel. Les effets sont-ils les mêmes à 3,5 GHz ? C’est l’une des questions auxquelles nous allons essayer de répondre.« 

L’Anses prévoit de publier un rapport définitif d’ici le premier semestre 2021. « Pour estimer l’exposition, nous avons besoin de savoir quel type d’antennes sera déployé, avec quelle puissancedans quelle directionSelon les données des opérateurs, les niveaux seront limités dans l’espace par rapport au réseau actuel mais l’usager sera a priori plus exposé puisque soumis à plus de puissance et plus de débit à travers son smartphone« , ajoute-t-il.

« On peut malgré tout établir des scénarios (…) pour donner des indications en matière d’exposition et potentiellement en matière de risque« , précise Oliver Merckel. Il ajoute également qu’il existe actuellement des données limites d’exposition pour toutes les fréquences. Le rapport qui devrait être publié l’année prochaine devrait sûrement évoquer des « effets particulièrement inquiétants » de certaines fréquences et l’Anses pourrait conseiller une modification des seuils.

Par ailleurs, l’agence a annoncé qu’elle commencera bientôt une nouvelle étude sur les autres impacts éventuels sur notre santé de la 5G. Elle évoque par exemple des effets physiologiques (troubles musculosquelettiques liés à une moindre activité physique), des effets cognitifs et du développement (impact des écrans sur l’apprentissage des enfants) ou encore des effets psychosociaux (relations avec autrui). « On réfléchit à quelle population on va s’intéresser en premier, travailleurs, enfants, adolescents, adultes, etc.« , explique Olivier Merckel.

Certaines associations exigent un moratoire

Cet important manque de données inquiète de nombreuses associations qui exigent un moratoire au sujet du lancement de la 5G. Parmi elles, Agir pour l’environnement et Priartem-Électrosensibles prévoient d’envoyer un recours au Conseil d’État afin de faire annuler un arrêté du 30 décembre 2019 au sujet des modalités d’attribution de fréquences de 3,5 GHz.

Pour remédier à cela, ces associations ont lancé la pétition « Stop à la 5G » le vendredi 24 janvier. « Une fois de plus, la France fait les choses à l’envers : on déploie d’abord la 5G et après on regarde s’il y aura des impacts. Au nom du principe de précaution, une évaluation environnementale et sanitaire aurait dû être lancée« , explique François Lafforgue, avocat des associations.

Une hyperconsommation numérique et en énergie de la 5G

Lennart Hardell, professeur d’oncologie, et Rainer Nyberg, un de ses confrères, ont publié une étude le 22 janvier dans la revue Molecular and Clinical Oncology. Tous deux sont également favorables à la mise en place d’un moratoire. 260 chercheurs et médecins avaient d’ailleurs déjà lancé un appel en septembre 2017 afin que l’Union européenne stoppe le lancement de la 5G tant que des analyses des éventuels risques sanitaires qu’elle entraînerait n’auront pas été faites. En 2020, les spécialistes considèrent « que les réponses de l’UE ont jusqu’ici privilégié les profits de l’industrie au détriment de la santé humaine et de l’environnement« .

Selon Sophie Pelletier, présidente de Priartem-Électrosensibles France, « le déploiement de la 5G va entraîner une hyperconsommation numérique et énergivore. Alors que la sobriété énergétique est inscrite dans la loi, on sait déjà que ce déploiement augmentera la consommation électrique de l’ordre de 10 TWH, soit l’équivalent d’une centrale comme Fessenheim. » Par ailleurs, d’après The Shift Project, qui travaille sur les impacts environnementaux du mumérique, la consommation d’énergie des opérateurs mobiles sera multipliée par 2,5 à 3 d’ici cinq ans avec le déploiement de la 5G. Ainsi, la consommation d’électricité en France devrait augmenter de 2 %.

Par Cécile Breton, le

Source: Le Monde

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