Vous avez toujours rêvé d’avoir des pouvoirs mystiques, un armement futuriste, des capacités innées extraordinaires ? Dommage ça n’existe pas. Par contre, courir plus vite, sauter plus haut, être plus précis, plus malin que les autres, ça c’est possible ! Les shōnens offrent toutes sortes d’univers, mais certains plus près de notre réalité que d’autres et ça ne les rend pas moins intéressants. Chaussez vos baskets, on est parti pour 5 mangas qui repoussent les limites du sport.
Courage, persévérance, amitié ou don de soi sont des vertus souvent prônées par les shōnens. Leur cible étant par définition de jeunes garçons adolescents, il est tout à fait classique de voir le personnage principal évoluer dans sa vie de lycéen. Il est alors un thème souvent abordé, celui du sport. C’est évident. Quoi de mieux pour prouver ses qualités personnelles qu’une bonne partie de basket, un match de baseball, quelques rounds de boxe, un bon score au baseball ou un touchdown digne des plus grands lors de la finale de football américain ?
Eyeshield 21
Sena Kobayakawa est étudiant au lycée Deimon. D’un naturel frêle et craintif, il a depuis longtemps accepté sa condition de souffre-douleur et passe son temps à courir pour éviter les problèmes ou faire le coursier pour ses tortionnaires. Heureusement ou non, Yōichi Hiruma, quarterback psychotique de l’équipe de football américain, cherche de nouveaux joueurs et aurait bien besoin de quelqu’un capable de courir vite.
C’est à grands coups de menaces qu’il va forcer Sena à passer les tests et l’intègre à l’équipe pour en faire son arme secrète sous le nom de Eyeshield 21. Commence alors l’ascension des Deimon Devil Bats aux membres tous plus fous les uns que les autres. Et ce ne sont pas les seuls. Tous les personnages, ennemis ou amis, possèdent une personnalité bien définie. Une galerie d’équipes aux stratégies, forces et faiblesses bien différentes défilent avec les pages, ce qui empêche la lassitude de s’installer au fil des matchs.
Mais pour ce qui est de Deimon, c’est bien Hiruma qui incarne parfaitement l’esprit des Devil Bats. Il façonne la dynamique du manga à grands coups de grimaces, plans machiavéliques issus de son petit carnet, grenades, mitraillettes et autres armes qu’il n’hésite pas à sortir pour motiver ses troupes. Ce grand stratège rythme l’histoire tout du long et maintient le cap vers le tournoi du Christmas Bowl. Les scènes d’action nous emballent, le détail des phases de jeu nous époustoufle, l’humour bien placé nous surprend toujours et on n’a qu’une envie après chaque match : enfiler ses chaussures pour courir vite, toujours plus vite.
Hajime no Ippo
Hajime no Ippo, signifiant littéralement « faire le premier pas », nous embarque dans une épopée tout en muscles auprès des meilleurs boxeurs du Japon. C’est Ippo Makunouchi, jeune lycéen de 16 ans qui nous montre le chemin. Ce garçon timide et volontaire n’a pas vraiment d’amis. Il passe tout son temps libre à aider sa mère, qui l’élève seule, pour tenir l’entreprise familiale de location de bateaux de pêche.
Son isolement ne le rend pas vraiment populaire, ce qui lui attire brutalités et humiliations en tous genres au lycée. Mais un jour où la raclée est un peu plus sévère que d’habitude, Mamoru Takamura, boxeur professionnel, viendra lui prêter main forte. Ippo se réveille au club de boxe Kamogawa où Takamura en profitera pour lui insuffler la volonté de lutter et le respect de soi-même. C’est au moment où notre jeune lycéen mollasson frappera un sac de sable que son esprit bascule.
L’animation et les différents mouvements techniques du manga sont tout simplement sublimes. La boxe se pratiquant torse nu, c’est une galerie de dessins anatomiques qui nous est proposée. La force de chaque coup est parfaitement transmise case après case et si la violence reste présente, elle n’est pas nécessaire pour rendre compte de la souffrance des personnages. Takamura, champion vulgaire et égoïste, aura beau maltraiter ses camarades il sera toujours là pour apporter à Ippo les conseils dont un jeune champion a besoin.
Slam Dunk
Nous partons à la rencontre d’Hanamichi Sakuragi, jeune délinquant et chef de bande du lycée de Shohoku. Il n’est pas très populaire avec les filles mais va faire la connaissance d’Haruko Akagi et va en tomber amoureux. Pour lui plaire, il s’empressera de s’enrôler dans l’équipe de basketball de l’école. Toutefois, son nouveau coup de cœur n’a d’yeux que pour Kaede Rukawa, génie de la future génération de basketteurs. Plus le choix, Sakuragi va devoir se dépasser pour battre son rival.
Slam Dunk est loin d’être le seul manga populaire traitant du basketball, Kuroko no Basket en premier exemple. Les références à l’univers sont bien présentes et la qualité des dessins est discutable, surtout pour les premiers tomes. L’histoire principale n’offre pas de grande surprise en suivant un des schémas les plus classiques. Toutefois ce classique du shōnen est maitrisé à la perfection et même si les thématiques ont déjà été maintes fois traitées, on reste avec plaisir pour les personnages et l’ambiance.
Aussi, il est un détail mais pas des moindres. Le pouvoir de l’amitié n’existe pas dans ce manga. La puissance des protagonistes s’appuie sur leur force propre, pas sur la qualité des larmes stimulées par un souvenir difficile issu d’un flash-back de l’année dernière. Rien que pour ça, ce shōnen est remarquable. Cependant, il faut admettre que c’est bien Sakuragi qui porte le manga. Comment ne pas s’attacher à cet idiot, grande gueule, immature mais surtout impayable qui sait nous apporter du rire comme du suspense page après page.
Prince du tennis
Après avoir vécu longtemps aux Etats-Unis, Ryōma Echizen rentre au Japon. Son père, star du tennis international connu comme le Samouraï, le pousse dans sa volonté de devenir lui aussi un grand tennisman. C’est à Tokyo qu’il est censé commencer la compétition mais rencontre Sakuno Ryūzaki, jeune fille timide et tête en l’air pour qui il a un coup de foudre, ce qui lui fera rater le tournoi.
Malgré tout, il jouera un match contre Sasabe, membre prestigieux du Kitagoe Tennis Club. Bien que gaucher, Ryōma donnera une leçon à ce prétentieux en jouant de la main droite. Oubliez le réalisme et repartez sur les traces d’Olive et Tom. Dans Prince du tennis, les balles décrivent des courbes impossibles et les protagonistes lancent des techniques défiant les lois de la physique. Bien que parfois ridicule, l’action est prenante. La volonté certaine de nous en mettre plein la vue fonctionne au même titre qu’un bon vieux Kamé Hamé Ha !
Evidemment l’apologie du tennis, et même du sport en général, est bien ancrée dans le scénario. L’esprit de compétition est à l’honneur, avec des insertions d’amitié, d’amour et autres liens solidaires. Les petites morales portées par les protagonistes charismatiques fonctionnent sans lourdeur. Fait notable, 16 comédies musicales ont été développées pour couvrir l’ensemble de l’histoire du manga, preuve d’un réel engouement au pays du Soleil-Levant.
Major
Gorō Honda, 5 ans, est encore au jardin d’enfant lorsque sa passion pour le baseball et l’image héroïque de son père lanceur pourtant médiocre le décident à devenir joueur professionnel. Les premiers tomes du manga se concentrent essentiellement sur la psychologie des personnages et posent les bases de la volonté de Gorō dans sa quête d’excellence. 4 ans plus tard, il atteint enfin l’âge d’entrée en Little League.
Evidemment c’est un enfant doué, et très vite il devra faire un choix. Suivre les traces de son père et rejoindre l’équipe de Yokohama possédant plus de ressources et de meilleurs joueurs ou rester avec les Mifune Dolphins et respecter son engagement auprès de ses nouveaux amis. Un angle particulier sur la carrière compliquée d’un professionnel de baseball est apporté tout au long de l’histoire, apportant une dimension plus profonde et réaliste à ce manga.
L’originalité de cette œuvre réside dans l’évolution de son personnage principal, Gorō. En effet, il est rare d’avoir ce genre d’introduction profonde qui peut rebuter certains lecteurs en quête d’action. Toutefois, suivre l’évolution complète d’un athlète, depuis la naissance d’une passion jusqu’à l’accomplissement ultime est un bonheur. L’implication est totale. L’accent donné sur les tourments apportées autour de sa carrière permet de mieux comprendre la psychologie d’un champion et nous laisse respirer pour mieux apprécier les phases de jeu. Le trio action/humour/sentiments respecté, c’était la recette parfaite pour un shōnen sur le baseball.
Allier le dynamisme du manga et la passion du sport est un bon mix. Fini de combattre des monstres, terminé les compétences surnaturelles, ici c’est avant tout une question de volonté. Pas question de rater l’entrainement pour cette jeunesse japonaise passionnée. L’influence américaine post Seconde Guerre mondiale est forte, mais c’est bien la culture nippone qui régit les corps et les cœurs dans un engagement sans limites pour atteindre le plus haut des podiums.
Par Gabriel Pilet, le
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