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1 000 000 °C pour sauver la planète : la prouesse des chercheurs allemands qui change tout !

Plasma d’hydrogène vibrant dans un réacteur à très haute température
Un plasma d’hydrogène en fusion dans un four à arc.

On y est. Le 14 mai 2025, des chercheurs allemands ont franchi un cap historique : produire du nickel à partir de minerais pauvres, en une seule étape, grâce à une matière quasi extraterrestre – le plasma d’hydrogène. Pas de suspense inutile : c’est une première mondiale, et c’est énorme.

Pourquoi ? Parce que le nickel est partout : batteries de voitures électriques, éoliennes, aciers inoxydables. Et pourtant, sa production actuelle est un cauchemar environnemental. Hautes températures, produits chimiques agressifs, jusqu’à 20 tonnes de CO₂ émises par tonne de nickel produite. Autant dire que ce nouveau procédé arrive à point nommé.

Une fournaise à un million de degrés

Ce qu’a réussi l’équipe d’Isnaldi R. Souza Filho, au Max Planck Institute for Sustainable Materials, c’est à la fois simple et spectaculaire. Ils ont pris du minerai de nickel de qualité médiocre, l’ont chauffé dans un mélange gazeux à base d’hydrogène et d’argon, sous une intensité électrique extrême, dans un four à arc. Résultat : un plasma. Une matière en fusion, à plus de 1 000 000 °C, composée de particules survoltées prêtes à transformer la matière.

Ce plasma a ensuite réduit directement les oxydes métalliques en ferronickel, en quelques minutes. Oui, quelques minutes. Une opération qui, jusqu’ici, nécessitait plusieurs étapes lourdes, polluantes, coûteuses.

Extraction et purification en une seule fois

Et c’est là tout le génie de cette découverte : l’extraction et la purification du nickel se font en une seule étape. Pas besoin d’affiner ensuite, ni d’utiliser des acides puissants ou des fours fonctionnant au charbon. Selon les chercheurs, la réduction de l’empreinte carbone pourrait atteindre 84 %, à condition d’alimenter le processus avec de l’hydrogène vert – c’est-à-dire produit par des énergies renouvelables.

Autre atout : le ferronickel obtenu contient 20 à 40 % de nickel, avec peu d’impuretés comme le phosphore ou le silicium. Il est donc prêt à l’emploi pour la production d’acier. Directement.

La métallurgie verte, ce n’est plus une utopie

Ce procédé arrive au bon moment. D’ici 2040, la demande mondiale en nickel devrait doubler, selon les projections du secteur. Et comme les gisements de minerais riches s’épuisent, les industriels se tournent vers des minerais de plus en plus pauvres… qui nécessitent plus d’énergie et de produits toxiques pour être exploités.

Le plasma d’hydrogène, lui, évite cette spirale. Il est propre, rapide, efficace. Mais (car il y a toujours un mais), il n’est pas encore industriellement viable à grande échelle. La réaction doit se maintenir à l’interface exacte entre le plasma et le minerai fondu – un équilibre délicat à reproduire à grande échelle.

Autre défi : l’hydrogène vert est encore bien plus cher que son équivalent fossile. Mais avec la baisse progressive des coûts des énergies renouvelables, le calcul économique pourrait vite basculer.

Une matière venue du futur ?

Le plus fascinant dans tout ça ? Le plasma d’hydrogène lui-même. Cet état de la matière est rarement observé hors des laboratoires de fusion nucléaire. Et pourtant, il pourrait bien devenir le moteur d’une métallurgie propre, voire d’une nouvelle ère énergétique. Certains chercheurs parlent même d’“hydrogène plasma” comme d’une promesse d’énergie quasi infinie. Rien que ça.

Alors oui, on n’y est pas encore. Mais ce que vient de réussir l’équipe allemande, c’est un signal fort : il est possible d’inventer une industrie qui ne détruit pas son propre terrain de jeu.

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