Aller au contenu principal

Portrait de l’écrivain Gene Wolfe, l'un des grands maîtres de l'âge d'or de la science-fiction

Gene Wolfe est l’un des plus grands auteurs de l’âge d’or de la science-fiction. Une prose à l’imagination débordante et des histoires pleines de sens et dissimulant plusieurs niveaux de lecture. Maître du roman comme de la nouvelle, il est l’un des auteurs les plus récompensés du genre de la science-fiction. Son cycle Le Livre du nouveau soleil est un chef-d’oeuvre qui a cependant malheureusement tendance à éclipser le reste de sa bibliographie incroyable.

 

Gene Rodman Wolfe est né à New York en mai 1931, mais n’y passera au final que peu de temps. C’est à Peoria, une grande ville au coeur de l’Illinois (centre-est des États-Unis) que Gene passe son enfance. Une enfance qu’il passe à lire des magazines pulp et à dévorer des histoires de science-fiction. Il y rencontrera Rosemary, qui deviendra sa future femme plusieurs années après. Mais avant cela, il rejoint la très prestigieuse université A&M du Texas, très orienté vers la recherche scientifique. Peu après son entrée, il est cependant mobilisé pour combattre durant la guerre de Corée en tant qu’ingénieur militaire. Il sort de l’expérience vivant, mais atteint de trouble de stress post-traumatique. À l’époque, l’auteur confiait sauter au sol au moindre bruit.

Heureusement, peu après son retour aux États-Unis, il renoue avec son amie d’enfance Rosemary et cette dernière lui redonne goût à la vie. Il l’épouse sans tarder et reprend ses études d’ingénierie mécanique à l’université de Houston. Avec son diplôme en poche, il est recruté chez Procter & Gamble (géant de l’industrie de consommation) où il inventera la machine qui prépare et cuit la pâte nécessaire à la fabrication des Pringles ! Des idées pour construire des machines, il en avait déjà des tas. Mais certaines de ses idées ne pouvaient prendre forme qu’à travers des histoires. Il parvient à publier quelques nouvelles puis sort son premier roman, Operation Ares, l’évolution d’une histoire courte écrite cinq ans plus tôt. Années durant lesquelles il parvient à entretenir une correspondance avec J. R. R. Tolkien.

Pendant plus de dix ans à partir de 1972, il prend en charge le journal Plant Engineering tout en continuant d’écrire tous les matins avant d’aller au travail. S’enchainent alors deux coups de maître : La Cinquième Tête de Cerbère en 1972, largement salué par la critique, puis Peace en 1975 qui nous plonge dans la vie de Alden Weer, un homme du Midwest des États-Unis qui raconte tous les grands moments de sa vie dans la première moitié du XXe siècle, jusqu’à ce que le lecteur comprenne que le narrateur est déjà mort et que l’on écoute le récit d’un fantôme. Son écriture ne s’arrête jamais, mais il faut attendre 1980 pour l’oeuvre de sa vie : Le Livre du nouveau soleil.

Inspiré du cycle de fantasy La Terre mourante de Jack Vance, Gene Wolfe nous transporte dans un futur dystopique qui donnera naissance à trois suites qui étendent l’univers inventé. Le Soleil vit ses dernières heures et l’Humanité avec. On suit les aventures de Severian, un membre de la Guilde des Bourreaux exilé pour avoir commis le crime d’épargner quelqu’un. Sur la route, il va prendre part à de nombreux combats, se retrouver au milieu d’une guerre et finira par devenir roi en plus d’une figure messianique. C’est grâce à l’immense succès du livre sur tous les fronts que Gene Wolfe se permet d’arrêter ses autres occupations et de devenir un écrivain à temps plein.

Au niveau du style, les récits de Gene Wolfe sont souvent caractérisés par des narrateurs peu fiables, à l’image des gens de la vie de tous les jours, qui verront les événements selon leur point de vue, en oubliant souvent de regarder les choses vues d’ailleurs ou d’analyser l’ensemble de la situation. Une prose parfaite qui permet de laisser des parts de mystères qui pourront ou non être éclairés par d’autres personnages, mais aussi de donner envie de relire l’histoire pour en comprendre d’autres choses une fois la première lecture terminée. Car ce qui a d’abord donné envie de devenir écrivain à Gene Wolfe, c’est la lecture de L’Île du docteur Moreau par H. G. Wells durant son enfance. Une histoire qu’il a lue d’une traite avant de revenir à la première page pour recommencer une fois finie.

Pour Gene Wolfe, la science-fiction est nécessaire à la littérature et à l’art en général, car elle ouvre l’esprit du lecteur. Beaucoup aiment glisser des métaphores de la société contemporaine dans les histoires de science-fiction, mais comme il l’explique, « parfois, un atterrissage sur Mars est simplement un atterrissage sur Mars ». Une opinion que partagent d’autres grands auteurs comme Harlan Ellison et qui, plutôt que de vouloir légitimiser le genre en lui donnant une portée métaphorique, tend à promouvoir l’imagination, la découverte de l’extraordinaire et ses effets sur le coeur humain.

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  • Je viens de commencer le cycle et je voulais juste me renseigner sur l’auteur. Votre article spoil au delà du raisonnable, franchement abusé. ‘suis dégouté et ne vous remercie pas pour ‘le cadeau’.

    • Rassurez-vous. Même si vous pouvez regretter ce spoil, sachez que ce cycle vaut surtout pour ce qui s’y passe, plus que pour le dénouement. Il vous reste à découvrir énormément d’aspects de cet univers dont l’atmosphère d’étrangeté fait tout l’intérêt.
      D’ailleurs, on peut deviner l’arrivée au trône de Severian, via diverses allusions du narrateur, bien avant la fin. Et les quelques autres éléments cités ne nuisent aucunement à la découverte de l’histoire.
      D’ailleurs, je prends actuellement un immense plaisir à relire cette œuvre (via l’intégrale de Mnémos), alors que je l’ai déjà lue il y a une quinzaine d’années et que je me souviens de l’histoire dans les grandes lignes.