Un enfant contraint de porter un masque via Shutterstock
Utilisés dans le monde entier pour augmenter les rendements de l’agriculture, les engrais ont en réalité un impact écologique très fort et participent grandement à la pollution de l’environnement. SooCurious vous explique ce phénomène.
Lorsque les composés azotés qui composent les engrais sont mélangés à de l’air déjà pollué par l’industrie, ils se combinent pour former des particules solides qui peuvent se coller au tissu pulmonaire des enfants comme des adultes. Cela provoque alors des difficultés respiratoires et cardiaques, voire une mort prématurée.
Ces composés viennent des engrais riches en azote qui sont utilisés depuis des décennies. L’azote, le composant principal de l’air que nous respirons, est essentiel pour la croissance des plantes. Mais cette quête de la croissance des cultures a conduit l’industrie agricole à ajouter davantage d’azote aux terres cultivées alors qu’il est déjà présent dans le sol.
L’ammoniac, chimiquement composé d’azote et d’hydrogène (NH3), est un sous-produit des champs fertilisés et des déchets animaux. Et lorsque celui rejeté dans l’air atteint les zones industrielles, les polluants provenant de la combustion – comme les oxydes d’azote produits par les véhicules diesel et les composés de soufre provenant des centrales électriques et autres procédés industriels – se combinent pour créer de très petites particules d’environ 2,5 micromètres de diamètre.
Invisibles à l’oeil humain, ces petites particules pénètrent profondément dans les poumons des personnes qui les inhalent et peuvent causer des problèmes respiratoires, surtout chez les plus jeunes, mais aussi des maladies cardiaques.
Les liens entre la pollution aux particules fines et l’ammoniac ont été lents à définitivement établir mais un nombre croissance de recherches suggèrent désormais qu’il s’agit d’une des principales sources de pollution de l’air. Ainsi, d’après les dernières recherches de l’Institut de la Terre de l’université de Columbia, aux Etats-Unis, l’Europe, une grande partie du territoire américain, la Russie et la Chine se sont avérées souffrir de ce problème.
Au Royaume-Uni, plus de 40 000 personnes meurent prématurément chaque année à cause de la pollution de l’air, ce qui a incité les députés britanniques à déclarer le problème comme étant une « urgence de santé publique ».
Mais lutter contre cette situation est particulièrement difficile, notamment à cause de la nature volatile de la pollution, qui se déplace facilement sur de grandes distances et franchit sans problème les frontières internationales.
Pour Susanne Bauer, scientifique atmosphérique à l’université de Columbia, utiliser moins d’engrais n’est pas forcément la meilleure solution. Elle rappelle par exemple que certaines régions ont besoin de ces stimulants agricoles pour accroitre leur production. Dès lors, elle préconise de contrôler d’autres sources de pollution, comme celle provenant des industries. Car ces composés transforment la pollution agricole en ses formes nuisibles.
Il faudrait donc, selon la chercheuse, réduire le nombre de centrales électriques au charbon, qui émettent du soufre, mais aussi utiliser des véhicules plus respectueux de l’environnement et réglementer plus strictement les industries polluantes.
Reste que d’autres particules minuscules se combinent elles aussi à l’ammoniac, comme la poussière et les sables des déserts, et notamment ceux du Sahara, qui ont contribué à l’évènement de pollution majeur qu’a connu le Royaume-Uni en 2014.
Egalement, l’utilisation d’engrais a un fort impact sur la pollution des océans, puisque le ruissellement crée des « zones mortes » dans les mers du globe où l’oxygène est pratiquement éliminé et où les animaux marins ne peuvent survivre. Dès lors, puisque l’interdiction pure et simple de ces produits n’est pas viable à court terme, la solution pourrait passer par une utilisation plus efficace des engrais, de manière à réduire leur impact sur l’environnement.
Ces travaux mettent en évidence un vrai problème de santé publique qu’il faudra résoudre au plus vite. La vraie difficulté sera de trouver une solution efficace permettant de préserver l’environnement sans réduire les rendements agricoles actuels. Si l’état de la planète vous intéresse, découvrez le niveau de pollution épouvantable du Citarum, ce fleuve indonésien recouvert de déchets.
Par Maxime Magnier, le
Source: The Guardian
Étiquettes: engrais, pollution, environnement, culture, agriculture
Catégories: Actualités, Écologie