L’ampleur du désastre fait froid dans le dos. Aujourd’hui, filets de pêches, bouteilles, sacs en plastique et autres objets de toutes sortes envahissent l’océan Pacifique. D’après un relevé aérien, les déchets flottants dans le Pacifique sont bien plus nombreux qu’on ne le pensait. Pour Boyan Slat, le fondateur de The Ocean Cleanup, c’est une « bombe à retardement » qui menace tout l’écosystème des océans, car dans l’eau, les gros objets s’émiettent et se désagrègent en milliers de petits déchets en plastique.

C’est lors d’un vol de reconnaissance à bord d’un avion C-130 Hercules que l’on a découvert un gros amas de déchets, principalement en plastique, au niveau de l’extrémité nord de ce que l’on appelle le « Grand vortex, ou tourbillon, de déchets du Pacifique nord » ou encore la « Grande poubelle du Pacifique » (« Great Pacific Garbage Patch » en anglais).

Déchets en plastique
Déchets en plastique

D’après les derniers relevés, la densité des déchets est bien plus élevée que ce que prévoyait The Ocean Cleanup, une société cofinancée par le gouvernement néerlandais est dont la mission est de débarrasser l’océan de ses déchets, et cela même au cœur du vortex, là où la concentration des débris est la plus forte.

Situé entre Hawaï et la Californie, cette immense poubelle flottante s’étend sur plus de 3,5 millions de kilomètres carrés. C’est près de 5 à 6 fois la superficie de la France. La taille du centre du vortex atteint près d’un million de kilomètres carrés. Ses dimensions changent continuellement, les déchets étant acheminés par les courants marins. Cette zone du Pacifique est maintenant devenue une véritable soupe de petits et de gros déchets plastiques que les poissons peuvent ingérer. Selon le programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), le grand vortex de déchets grossit si vite qu’il en devient visible depuis l’espace, à l’instar de la Grande muraille de Chine.

Un des bateaux de The Ocean Cleanup
Un des bateaux de The Ocean Cleanup

En 2014, plus de 311 millions de tonnes de déchets en plastique sont produites chaque année partout dans le monde. Cette production pourrait quadrupler d’ici 2050. Selon une étude de cette même année, plus de 5 trillions de déchets plastiques sont déversés dans les océans.

Pour évaluer l’étendue du problème, The Ocean Cleanup avait envoyé l’année dernière trente navires dont la mission était de traverser la zone et de recueillir les micro-plastiques. Toutefois, les derniers vols de reconnaissance partis depuis la Californie ont découvert que les gros objets de plus d’un demi-mètre de diamètre avait été largement sous-estimés.

L'avion de reconnaissance de The Ocean Cleanup
L’avion de reconnaissance de The Ocean Cleanup

Boyan Slat, le jeune fondateur de The Ocean Cleanup, s’alarme : « La plupart des débris était des gros objets. C’est une bombe à retardement car, si rien n’est fait, les gros objets vont se décomposer en micro-plastiques au cours des prochaines décennies. »

The Ocean Cleanup mène actuellement plusieurs vols de reconnaissance au-dessus de cette zone du Pacifique, entre le 26 septembre et le 7 octobre 2016. Pour lutter contre les micro-déchets qui polluent nos océans, Boyan Slat a imaginé une immense barrière filtrante capable de récupérer les déchets flottants en utilisant les courants marins. Avec sa forme en V, ce grand filet attire les détritus vers sa partie centrale. Un prototype sera testé en 2017 et, si l’essai est concluant, la société envisage de commencer à dépolluer les océans à l’horizon 2020, grâce à une barrière de 100 mètres de long.

La barrière filtrante de The Ocean Cleanup
La barrière filtrante de The Ocean Cleanup

Bien qu’ingénieux, ce dispositif n’est pourtant pas capable de nettoyer l’océan de tous ses déchets. Miser sur la prévention, améliorer le recyclage des déchets et limiter la production et la consommation de plastiques sont autant d’initiatives nécessaires pour mettre un terme à cette pollution massive. Car si rien n’est fait, le poids des déchets en plastique dans les océans devancera celui des poissons d’ici 2050, d’après un rapport publié en début d’année 2016 par la Fondation Ellen MacArthur,

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