Considéré comme un produit de base de notre alimentation, le lait est, depuis quelques années désormais, largement décrié. Certains mettent ainsi en cause son intérêt nutritif ou l’accusent même d’être nocif pour la santé. Pour vous, le DGS revient sur les différentes études dont le lait a fait l’objet.

Lait-1Pendant longtemps, les autorités publiques ont loué les bienfaits des produits laitiers, encourageant leurs administrés à en consommer « pour être studieux, solides, forts, et vigoureux », comme l’expliquait Pierre Mendès France en 1954, en visite dans les écoles françaises à l’occasion d’une grande distribution de… lait. A ce moment, le premier ministre français de l’époque était certainement loin d’imaginer que plus de 70 ans plus tard, le breuvage blanc ferait l’objet d’une rude polémique.

Pourtant, certains signes auraient pu alerter la population d’alors. Comme le fait que l’Homme est le seul mammifère à consommer le lait d’un autre animal, de surcroit après l’enfance. D’ailleurs, cette étonnante particularité pourrait être à l’origine d’un des premiers problèmes causés par le lait.

Une étude menée en 2014 par des chercheurs de l’Université d’Uppsala, en Suède, s’est penchée sur deux ensembles d’individus dans le but de déterminer s’il était possible d’établir un lien statistique entre la quantité de produits laitiers consommés et la survenue de fractures ou de décès. Alors que le premier groupe réunissait 60 000 femmes de 39 à 74 ans questionnées sur leurs habitudes alimentaires et de vie dans le cadre d’une campagne de dépistage du cancer du sein, le second concernait 45 000 hommes de 45 à 79 ans.

Une fillette boit du lait via Shutterstock
Une fillette boit du lait via Shutterstock

IL EST PROBABLE QU’UN RÉGIME RICHE EN CALCIUM AUGMENTE LE RISQUE DE CANCER DE LA PROSTATE

Pour les hommes les chercheurs ont aussi pu constater un lien statistique entre les décès et la quantité de lait consommée même s’il était « moins prononcé ». En revanche, aucun lien n’est observé concernant les fractures. Mais l’étude a pourtant mis en évidence une vraie corrélation entre le lait et ses effets sur le corps humain, qui seraient dus à la quantité importantes de sucres spécifiques que contient le breuvage blanc.

Le lait, tel qu’il est consommé quotidiennement, contient notamment du lactose et du D-galactose. Ce dernier sucre, dont les effets ont déjà été étudiés chez les souris, a montré qu’il accélérait le vieillissement. Il jouerait ainsi un rôle dans le « stress oxydant » et l’inflammation des cellules.

lait-filletteMême si les auteurs de ces travaux ont tenu à préciser que leur étude reposait essentiellement sur « l’observation » et que les résultats devaient être « interprétés avec prudence », ce qu’ils ont constaté a de quoi inquiéter. Ils ont ainsi établi, selon le professeur Karl Michaelsson, principal signataire de cette recherche, que les femmes qui consomment trois verres ou plus de lait par jour ont un risque relatif de décès « de 90% plus élevé » et un risque de fracture de la hanche « de 60 % plus élevé » par rapport à celles qui boivent moins d’un verre par jour.

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Rien d’étonnant, lorsque l’on sait que le lait de vache est destiné… aux veaux. Dès lors, le liquide nutritif dont s’alimentent les jeunes animaux contient ce qu’on appelle des facteurs de croissance, c’est-à-dire des molécules destinées à favoriser la multiplication cellulaire. Chez les hommes, en revanche, qui ne sont pas conçus pour se nourrir de lait après l’enfance, et surtout pas de lait de vache, en consommer provoquerait donc plusieurs problèmes sanitaires.

LE LAIT DE VACHE EST DESTINÉ AUX VEAUX

Par la suite, en 2010, d’autres travaux ont pointé les mêmes dangers, ceux-ci étudiant tout particulièrement le lait. Pour ce faire, des chercheurs de l’université de Montréal ont mesuré la corrélation de 200 produits alimentaires avec le cancer de la prostate sur deux groupes de patients de 197 personnes chacun.

Alors que les premiers individus présentaient tous cette maladie, les seconds se trouvaient en bonne santé, afin que les résultats puissent être comparés. En 2007, le Word Cancer Research Fund a publié un rapport sur l’alimentation, l’activité physique et la prévention du cancer. Dans cette étude, l’organisme international a estimé « probable qu’un régime riche en calcium augmente le risque de cancer de la prostate ».

Un veau se nourrit © Mark Michaelis
Un veau se nourrit © Mark Michaelis

D’une part, l’étude montre que sur les 200 produits étudiés, seuls les produits laitiers présentaient un lien de cause à effet avec le cancer de la prostate. D’autre part, les chercheurs ont conclu que consommer plus de 470 grammes de produits laitiers par jour augmentait par deux le risque de développer la maladie par rapport à une absorption quotidienne de seulement 125 grammes. Enfin, plus intéressant encore, les scientifiques ont trouvé que la corrélation entre ce type de cancer et la consommation des produits à base de lait, était plus valable pour le lait lui-même.

Cela serait sans doute lié au fait que ce liquide nutritif contient de la graisse animale qui pourrait désactiver des gènes de suppression de tumeurs cancéreuses, ou encore que le calcium pourrait détruire un métabolite de la vitamine D qui permet de freiner la croissance des cellules cancéreuses. Les produits laitiers, en revanche, tels que les fromages et autres crèmes, subissent des transformations préalables à leur ingestion qui les prive de certaines composantes du lait.

Des produits laitiers via Shutterstock
Des produits laitiers via Shutterstock

Également composé de 70% de graisses saturées, dont la consommation abusive favorise l’excès de cholestérol et de maladies cardiovasculaires, le lait semble donc être un aliment bien moins sain qu’il n’y parait. Et s’il peut tout de même servir à la croissance des enfants, le calcium devant être absorbé en quantité suffisante durant les 20 premières années de la vie d’un homme, s’en nourrir régulièrement et tout au long de sa vie apparait comme un danger sanitaire.

SE NOURRIR DE CALCIUM TOUT AU LONG DE SA VIE REPRÉSENTE UN DANGER SANITAIRE

Dès lors, de nombreux spécialistes recommandent de ne pas en abuser. C’est le cas, notamment, du professeur Walter Willet, responsable du département de nutrition de l’école de santé publique à Harvard, qui conseille de consommer un à deux laitages par jour au maximum.

Car lorsqu’on recommande de boire du lait, il s’agit essentiellement de combler un apport souvent insuffisant en calcium, en protéines ou en vitamines. Mais le breuvage blanc est pourtant loin d’être le seul aliment qui contient ces éléments, puisque la viande, les oeufs, le poisson ou certains légumes en particulier sont tout aussi nutritifs et peuvent, eux aussi, combler ces besoins.

Des produits frais via Shutterstock
Des produits frais via Shutterstock

Durant des siècles, l’Homme a considéré qu’il était sain, voire nécessaire pour lui de consommer régulièrement du lait. Mais les travaux réalisés au cours des dernières années dévoilent une réalité bien plus nuancée qui nous amène à repenser notre consommation de produits laitiers. Si ce type de recherches vous intéresse, découvrez pourquoi la nourriture sans gluten n’est pas plus saine que l’alimentation classique.

 

 

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