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Zombification : cet ingénieux parasite pirate les gènes de son hôte pour le soumettre à sa volonté

De telles découvertes pourraient s’avérer précieuses pour la lutte contre les agents pathogènes affectant les humains

parasite
Amphipode non infecté (en haut) et infecté par L. byrdi — © D. Johnson / VIMS

Des scientifiques américains ont percé les secrets de la zombification de crustacés d’eau douce, découlant du piratage de leur génome par un ver parasite particulièrement retors.

Levinseniella byrdi

Si vous êtes familier de la série HBO The Last of Us ou des jeux dont elle s’inspire, vous connaissez certainement le Cordyceps. Ce champignon se reproduit en infectant des fourmis et en prenant le contrôle de leur système nerveux, les forçant à grimper sur la végétation surplombant la fourmilière afin de diffuser au mieux ses spores. En 2021, une étude avait également montré que le ver solitaire Anomotaenia brevis prolongeait considérablement la durée de vie des fourmis ouvrières, mais à un coût terrible.

Publiés dans la revue Molecular Ecology, les nouveaux travaux de chercheurs de l’université Brown se sont concentrés sur le cycle de vie complexe du trématode parasite Levinseniella byrdi.

Se reproduisant uniquement dans les intestins de certaines espèces d’oiseaux des marais, ce petit ver diffuse ses œufs dans l’environnement via leurs fientes. Une fois ingérés par les escargots marins, ceux-ci éclosent et les larves se développent. Elles quittent ensuite leur hôte et nagent dans la colonne d’eau jusqu’à atteindre les branchies d’un petit crustacé inoffensif.

ver-parasite
— Dr. Norbert Lange / Shutterstock.com

De couleur gris terne ou brune, les amphipodes sont généralement des créatures assez craintives. Lorsque L. byrdi les infecte, leur teinte vire à l’orange vif et elles se montrent nettement plus aventureuses, n’hésitant pas à quitter leur environnement aquatique. Combinées, ces deux nouvelles caractéristiques en font des cibles de choix pour les oiseaux prédateurs, et le cycle se poursuit.

Piratage génétique

Afin de déterminer précisément comment le parasite modifiait la biologie des amphipodes, David Rand et ses collègues ont procédé à un séquençage ARN. Celui-ci a montré que L. byrdi activait des gènes associés à la pigmentation qui interféraient avec leur capacité à détecter des stimuli externes et inhibaient également l’activité de nombreux autres impliqués dans les réponses immunitaires qui, autrement, combattraient le parasite.

Selon l’équipe, de telles découvertes pourraient s’avérer précieuses pour la lutte contre les agents pathogènes affectant les humains.

« La caractérisation des mécanismes moléculaires de manipulation est importante pour faire progresser la compréhension de la coévolution hôte-parasite », souligne Rand. « La compréhension de ce type d’interactions à l’échelle moléculaire a d’importantes implications pour la gestion des pathogènes en général, y compris chez l’Homme. »

Par Yann Contegat, le

Source: New Atlas

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