Après son coup de maître avec Planètes, Makoto Yukimura débute Vinland Saga, un seinen qui nous transporte chez les Vikings du XIe siècle alors qu’ils prennent le contrôle de l’Angleterre et que des explorateurs découvrent l’Amérique du Nord. Le manga s’inspire de l’Histoire, mais aussi du folklore et de la mythologie nordique pour rajouter une dimension épique à son aventure. Suivez-nous !

 

L’action commence en 1013 alors que le roi Sven du Danemark a pu unifier tous les territoires conquis sous son autorité. En dépit de cela, la mort semble guetter le roi qui se fatigue de jour en jour. La question est naturellement de savoir qui lui succédera. Deux options dans ses deux fils : Harald, l’aîné et Knut le cadet. Le roi ainsi que son éternel conseiller Floki veulent mettre l’aîné sur le trône. Bien sûr, rien ne va se passer comme prévu. Knut, de son côté, est épaulé par de grands guerriers comme Thorkell et Askeladd.

 

 

Mais le héros de l’histoire n’est aucun de ceux-là. Le jeune Thorfinn n’a que 6 ans lorsque son père Thors est tué par Askeladd. Thors était alors l’un des plus grands guerriers du Danemark, révéré de tous. Thorfinn devient alors obsédé à l’idée de venger son père. Dans la société viking, pas question d’assassins dans le noir ou de coups dans le dos. Thorfinn veut tuer son adversaire à la loyale dans un vrai duel. Pour devenir plus fort et rester proche de son objectif, il rentre dans la compagnie du bourreau de son père jusqu’au début de l’aventure où on retrouve Thorfinn âgé de 17 ans.

C’est dans ce contexte que Thorfinn va connaître la guerre et les invasions vikings alors qu’il ne cherche à la base qu’à venger son père. Yukimura parvient cependant à tisser un monde entre la réalité et la fiction qui semble cohérent, faisant réaliser aux lecteurs que les événements pourraient continuer sans interruption si Thorfinn ou l’un des autres personnages venait à mourir. Il ne s’agit pas de l’histoire d’un héros de A à Z, mais de l’histoire de cette ère chronoculturelle à travers les yeux de ce personnage particulier.

 

 

Pour cette raison, le manga se divise en plusieurs grandes parties. Si les huit premiers tomes ne manquent pas de scènes de navigation, de pillages et de destruction de villages ponctuées de batailles gore, ce n’est pas du tout l’esprit du manga dans sa globalité. Ce que dépeint Yukimura avec finesse ce sont les différentes facettes de la société viking. La violence des expéditions en fait bien entendu partie, mais ce n’est que l’un des éléments du manga. Car même si la guerre est prédominante dans les premiers tomes, le ton change complètement dès le neuvième.

 

 

Pour des raisons diverses qui sont propres à l’histoire et qui seraient inutiles de spoiler ici, le héros se retrouve à travailler dans le milieu agricole en tant qu’esclave. Quittant les champs de bataille pour les champs de blé, Thorfinn n’est plus qu’une coquille vide suite aux événements des premiers tomes. Privé de sa raison de vivre et n’ayant pas pu faire le deuil de la mort de son père jusqu’à ce jour, il se perd dans la tristesse de son existence dans les campagnes du Jutland. Ce train de vie ne va cependant pas durer à partir du moment où Thorfinn rencontre Einar qui va peu à peu le sortir de sa lassitude.

 

 

Malgré cette coupure abrupte où l’on passe d’un Thorfinn plein de colère coupé des membres à un héros las de vivre devenu esclave, le manga réussit à se réinventer avec merveille, ouvrant la porte à davantage de thèmes qui n’auraient pas pu être explorés dans la première partie. Mais ces deux grandes étapes sont en fait que des passages qui mènent à quelque chose de plus grand et qui est la vraie destination du manga comme du protagoniste : Vinland. Si vous ne le savez pas, Vinland est le nom donné par Leif Erikson au territoire d’Amérique du Nord qu’il découvre vers l’an 1000.

 

 

Car en plus de s’inspirer de l’histoire des vikings et de nous plonger dans une autre époque, Yukimura fait parler des personnages historiques dans ses bulles. Si le héros vient de la saga d’Erik le Rouge, le fils de ce dernier, Leif, est bien présent. Plusieurs expéditions de cette famille vont avoir lieu dans la réalité, d’abord de l’Islande au Groenland, puis du Groenland à l’Amérique du Nord. D’abord repéré par Bjarni Herjolfsson en 986, il lègue son bateau et ses informations à Leif qui lui fondera ensuite le premier établissement européen sur le sol américain à l’Anse-aux-Meadows.

 

 

Ce rêve de voyage et d’exploration gagne peu à peu Thorfinn. Dès le début, des indices nous laissent à penser que ce désir va guider sa vie, même si le fameux voyage semble lointain. Alors que le deuxième grand arc à la ferme tend vers sa fin, la grande quête du héros va bientôt commencer. Que les amoureux des membres découpés ne s’affolent pas, le manga reste quand même très violent par moments, mais le traitement de cette violence sert la narration et non l’inverse. Les thèmes de la non-violence et de la rédemption sont des piliers du deuxième arc, dans un manga où son auteur semble grandir et perfectionner son art en même temps que son protagoniste évolue.

 

Grand succès au Japon, le manga reçoit aussi de nombreux prix qui le mettent à part de sa compétition. Rien de surprenant pour l’auteur de Planètes qui soigne d’autant plus sa deuxième grande création. Si vous aimez l’histoire, l’aventure, les combats et tout simplement les bons mangas, foncez sans hésiter sur Vinland Saga ! Aimez-vous lire des mangas s’inspirant de faits historiques ?

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