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Portrait de Wes Craven, un maître de l'épouvante qui a changé la face du cinéma d’horreur à tout jamais

Wes Craven était l’un des maîtres de l’horreur, un cinéaste à l’influence rarement égalée dans le genre de l’épouvante. Un style qui met le cauchemar à l’honneur, et qui, encore aujourd’hui, hante les nuits de plusieurs générations de spectateurs partout sur la planète. Réalisateur prolifique, il nous a fait frissonner pendant quatre décennies. Retour sur le parcours et l’influence de ce réalisateur exceptionnel.

 

Le chemin vers la gloire

Sa mère accouche le 2 août 1939 à Cleveland, Ohio. Étant éduqué dans une famille stricte et religieuse, l’accès du jeune Wesley Earl Craven à la musique et au cinéma est très limité. Il se tourne vers la littérature et la psychologie lors de son premier cycle universitaire et complète cela avec un master de philosophie. Wes Craven devient alors un professeur d’anglais dans diverses écoles et universités de l’état de New York. L’éducation n’est pas sa vocation et lorsqu’il achète sa première caméra et produit ses premiers courts-métrages, il tombe irrémédiablement amoureux du septième art. Un ami lui trouve un job pour de la postproduction et c’est ainsi qu’il fait son premier pas dans l’industrie en laissant petit à petit tomber sa carrière académique.

 

 

Après avoir fait du montage et édité plusieurs films, il quitte définitivement sa position de professeur et utilise des pseudonymes pour réaliser des films pornographiques alors en plein essor dans le début des années 70. Inspiré par La Source (1960) de Ingmar Bergman, Wes Craven écrit et signe son premier long-métrage, La Dernière Maison sur la gauche (1972). Dans une ambiance angoissante, un couple et leur fille se retrouvent face à face avec un groupe de criminels qu’ils vont prendre plaisir à pourchasser et à torturer. Le film divise la critique non pas par sa qualité, mais par sa violence. Il est épaulé par son collaborateur Sean S. Cunningham (Vendredi 13) qui participera ensuite à de nombreux projets de Craven.

 

 

Il clôture la fin des années 70 avec La Colline a des yeux, devenu une référence dans le genre de l’horreur et reprenant certaines thématiques de son précédent film et lui permet de développer sa technique et son style de manière plus précise. Moins populaire, il réalise La Ferme de la terreur (1981) et La Créature du marais (1982) avant de retrouver son ami Sean. S. Cunningham pour produire le grand succès de sa carrière : Les Griffes de la nuit (1984). Le monde découvre avec effroi Freddy Krueger et son allure terrifiante. Il est l’incarnation de vos peurs les plus sombres, le monstre du cauchemar qui prend forme réelle pour venir vous lacérer de ses griffes acérées. Le succès du film place irréversiblement Wes Craven dans les grands noms du cinéma d’horreur. Le personnage du tueur en série au visage brûlé qui vous rend visite pendant la nuit est devenu l’une des figures emblématiques de l’épouvante.

 

 

La décennie des suites et des adaptations

Wes Craven épouse le succès de sa nouvelle création et autorise la déclinaison des apparitions de Freddy dans plusieurs films tout au long de sa carrière. Une carrière qu’il avoue avoir été rendue possible seulement grâce aux influences d’autres cinéastes. D’abord marqué par le cinéma d’horreur des années 20 et 30 avec Nosferatu (1922) et Frankenstein (1931), il solidifie sa sensibilité artistique en se plongeant corps et âme dans l’oeuvre de Alfred Hitchcock, Roman Polanski et de François Truffaut. « Truffaut fut très important pour moi parce qu’il était le plus humain de tous et ses personnages si réels. » Leçon bien apprise puisque Freddy Krueger a réussi à percer l’écran et à devenir une entité de l’horreur à part entière.

 

 

En 1985, il réalise La Colline a des yeux 2 qui est très loin de ravir la critique. Après quelques épisodes réalisés pour la mythique série The Twilight Zone, il tente de nouveau de faire suite à l’un de ses films produisant et écrivant Les Griffes du cauchemar (1987) qui est bien mieux reçu que la plupart de ses films depuis la première apparition de Freddy. Faisant écho à La Nuit des morts-vivants de George A. Romero, il adapte un livre traitant des pratiques vaudoues en Haïti, The Serpent and the Rainbow de Wade Davis qui devient L’Emprise des ténèbres (1988). Un film sanglant qui malgré ses quelques défauts reste l’un des films de Craven qui mériterait plus d’attention.

 

Le deuxième éclat

Douze ans après Les Griffes de la nuit, Wes Craven redéfinit le genre du slasher avec Scream (1996). Malgré un début mitigé, le film devient de plus en plus populaire et le masque du tueur inspiré de la peinture d’Edvard Munch, Le Cri, devient une icône de l’épouvante. Scream a la particularité de faire dans la satire et l’autodérision tout en restant terriblement stressant et effrayant. De nombreuses références aux clichés des films d’horreur sont explicitement présentes dans le film, conférant une dimension étonnement plus réaliste. Les personnages savent ce qu’il ne faut pas faire d’après ce qu’ils ont vu dans les films d’horreur, mais cela ne les empêchera pas de mourir.

 

 

Du tragique à la comédie, le film fait naître le projet des Scary bien que l’idée d’origine pour le film fut inspirée par la vraie affaire de l’éventreur de Gainsville ayant brutalement tué cinq étudiantes à coups de couteau. Wes Craven va bien entendu en faire des suites qui seront bien moins convaincantes : Scream 2 (1997), Scream 3 (2000) et finalement Scream 4 (2011) qui restera le dernier long-métrage du réalisateur et certainement le meilleur film de la franchise depuis le premier. Hors du sentier de l’horreur, Craven s’est également essayé au drame en faisant jouer la brillante Meryl Streep dans son film de 1999, La Musique dans mon coeur et au thriller avec Red Eye où une femme prenant l’avion se retrouve assise à côté d’un terroriste.

 

 

Sortant vraiment de ses habitudes, il prépare en 2014 une série de cinq comics, Coming of Rage qui tente de repenser le mythe des vampires, des zombies et des loups-garous. Malgré sa facilité à autoriser des suites de ses oeuvres, Wes Craven a toujours voulu chambouler le statu quo en apportant de nouvelles idées pour vous glacer le sang. Heureux d’avoir pu contribuer à l’histoire du cinéma pendant 40 ans, Wes Craven estimait en 2014 avoir été chanceux d’avoir pu faire ce qu’il aimait faire pendant autant de temps : vous faire peur. Il meurt d’un cancer du cerveau le 30 août 2015 à l’âge de 76 ans, laissant derrière lui un héritage colossal.

 

Souvent imité, mais très rarement surpassé, Wes Craven est l’une des figures emblématiques du cinéma d’horreur et mérite amplement les nombreuses récompenses accumulées au cours de sa carrière. Les Griffes de la nuit constitue une étape importante de l’histoire du cinéma et un tournant pour le genre de l’horreur. Des idées novatrices et des personnages inoubliables qui font de ses plus grands films des oeuvres uniques. Quel film de Wes Craven vous a déjà empêché de dormir ?

Par Florent, le

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