— EcoPrint / Shutterstock.com

De récentes recherches menées par des chercheurs de l’université de Bristol, au Royaume-Uni, ont permis la mise en évidence d’interactions sociales bien plus complexes que prévu chez les girafes.

Un système social coopératif complexe

Auparavant, on pensait qu’il n’existait pas de structure sociale chez les girafes et qu’elles interagissaient essentiellement de façon aléatoire. Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Mammal Review, Zoe Muller et ses collègues ont passé en revue plus de 400 études sur le comportement et l’organisation sociale de ces créatures iconiques. Cette méta-analyse a montré que les girafes possédaient un système social coopératif complexe, présentant des caractéristiques de l’organisation matrilinéaire.

« L’effet grand-mère » suggère que les femmes humaines ont une longue vie post-ménopausique parce que les grands-mères, qui prodiguent des soins et des enseignements supplémentaires à leurs petits-enfants, améliorent la résilience et la survie globales du groupe. Si les mammifères moins complexes sur le plan social sont souvent destinés à mourir peu de temps après le déclin de leurs fonctions reproductives, cet effet a été théorisé, et dans une certaine mesure démontré, pour d’autres mammifères complexes. Notamment les éléphants et les orques, chez qui la présence de grands-mères améliore la survie des juvéniles.

Les chercheurs britanniques ont constaté que les girafes femelles passaient jusqu’à 30 % de leur vie dans un état post-reproductif et que les « grands-mères » avaient une influence cruciale sur les petits de leur propre progéniture. En substance, les girafes présentent des caractéristiques essentielles de ce type de coparentalité, et c’est la première fois qu’une organisation sociale aussi complexe est mise en avant chez ces créatures globalement mal connues.

D’autres caractéristiques essentielles de la vie en groupe chez les girafes ont également été mises en évidence, laissant supposer une hiérarchie sociale matriarcale. Il s’est avéré que la progéniture restait dans son groupe natal pendant une grande partie, voire la totalité, de sa vie, que les femelles âgées et les « non-mères » aidaient à élever les petits, et que les mâles se dispersaient alors que les femelles passaient leur vie au sein de groupes stables et organisés.

« Les mesures de conservation seront plus efficaces si nous avons une compréhension précise de l’écologie comportementale de l’espèce »

« Je trouve déroutant qu’une espèce africaine aussi grande, emblématique et charismatique ait été si longtemps négligée », déclare Muller. « Ces travaux rassemblent toutes les preuves suggérant que les girafes sont en fait une espèce socialement très complexe, avec des interactions potentiellement comparables à celles des éléphants, des cétacés et des chimpanzés. »

Les auteurs de l’étude espèrent que ces nouvelles recherches pousseront d’autres scientifiques à s’intéresser à ce domaine peu étudié et permettront d’améliorer la conservation de ces géantes vulnérables dont les populations ont diminué de 40 % en seulement trente ans. « Les mesures de conservation seront plus efficaces si nous avons une compréhension précise de l’écologie comportementale de l’espèce », estime la scientifique. « Si nous considérons les girafes comme une espèce très intelligente et complexe sur le plan social, leur statut s’en trouvera amélioré. »

S’abonner
Notifier de
guest

0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments