
La vie trouve toujours un moyen. En explorant deux fosses océaniques comptant parmi les plus profondes de la planète, des scientifiques ont découvert un écosystème d’une complexité sans précédent.
Chimiosynthèse en eaux profondes
Ces dernières années, des communautés d’organismes étonnamment diversifiées ont été observées à des profondeurs remarquables. L’absence totale de lumière solaire dans ces environnements implique que les microbes (bactéries, archées…) y évoluant tirent leur énergie de réactions chimiques.
Alternative à la photosynthèse, cette voie métabolique leur permet de fabriquer des molécules organiques complexes à partir des composés inorganiques simples émanant généralement des cheminées hydrothermales et des suintements froids, qui vont constituer une source de nutriments essentiels pour des formes de vie plus complexes.
Récemment, des chercheurs chinois explorant les zones hadales (au-delà de 6 000 mètres) de la fosse des Aléoutiennes et de la fosse des Kouriles ont fait des découvertes stupéfiantes, repoussant les limites connues de la vie chimiosynthétique.
The record-breaking ecosystem spans a distance of 2,500 kilometers.https://t.co/a3FlvHOzIV
— IFLScience (@IFLScience) July 31, 2025
Au cours de cette vingtaine de plongées en eaux profondes à bord du submersible Fendouzhe, l’équipe a capturé de longues séquences vidéo haute définition, et collecté de nombreux échantillons sédimentaires et biologiques. Leur analyse chimique et leur séquençage génétique ont offert un aperçu sans précédent d’un écosystème record, s’étendant sur 2 500 kilomètres et plongeant jusqu’à 9 533 mètres sous les vagues.
Une vie foisonnante
Publiée dans la revue Nature, l’étude évoque une vie sous-marine profonde foisonnante, comprenant vers tubicoles (dont la densité dépassait dans certaines zones 5 800 individus par mètre carré), palourdes, gastéropodes, amphipodes et polychètes.
« Ces communautés sont alimentées par des fluides riches en sulfure d’hydrogène et en méthane qui sont transportés le long de failles traversant les couches sédimentaires profondes des fosses, où le méthane est produit par des micro-organismes à partir de matières organiques déposées, comme l’indique l’analyse isotopique », expliquent les scientifiques.
Compte tenu des similitudes géologiques avec d’autres fosses hadales, ils estiment que ces communautés chimiosynthétiques, bouleversant notre vision de la vie et du cycle du carbone dans les profondeurs des océans, pourraient être plus répandues que prévu.
Plus tôt cette année, des milliers d’espèces avaient été découvertes dans la fosse océanique la plus profonde de la planète.