Que faire lorsque la nourriture vient à manquer et que vous êtes un ver d’à peine un millimètre de long ? Réponse : former un super-organisme plutôt écœurant avec des milliers de vos congénères.
L’union fait la force
Si les biologistes étudiant les vers nématodes savaient depuis longtemps qu’ils formaient ponctuellement des « tours vivantes », ce phénomène intrigant n’avait encore jamais été examiné en détail. Récemment, Serena Ding, de l’Institut Max-Planck, et ses collègues se sont penchés sur l’incontournable Caenorhabditis elegans.
Il s’est avéré que ces vers étaient plus suceptibles de former de telles structures en cas de pénurie de nourriture. Alors qu’elles ne dépassaient pas 5 millimètres de haut et ne persistaient pas plus d’un minute en l’absence de support physique, avec les poils d’une brosse à dents comme base, elles mesuraient jusqu’à 11 millimètres et se maintenaient jusqu’à une douzaine d’heures.
Selon les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Current Biology, de précédents rapports avaient indiqué des tours dépassant 50 millimètres de haut chez d’autres types de nématodes.
De façon assez peu ragoutante, lorsque la base de la tour était fixe, elle pouvait se déplacer comme un tentacule afin d’atteindre une surface proche et de former un pont, permettant aux vers d’atteindre des zones qui leur auraient autrement été inaccessibles (ce qui est essentiellement le principe de l’excellent jeu de réflexion PC/smartphone World of Goo).

Taxis volants
Ces amas de nématodes ont également été observés en train de s’agripper à des mouches à fruits, transformées en « taxis volants ». « On savait que des spécimens individuels utilisaient ce type de moyen de transport, mais il s’agit des premières observations pour des tours partielles ou complètes », souligne Ding. L’examen de pommes pourries provenant d’un verger proche de l’institut allemand a révélé les premières preuves de ce comportement dans la nature.
Il s’avère que ces tours vivantes de vers sont toujours formées par une seule espèce, même lorsque plusieurs sont présentes, et qu’elles peuvent être constituées de vers à n’importe quel stade de leur cycle de vie, et non uniquement des larves, comme cela avait été précédemment suggéré.
L’an passé, des chercheurs japonais avaient filmé des séquences dignes d’Alien, montrant des anguilles s’échapper de l’estomac d’un poisson.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
Étiquettes: ver
Catégories: Actualités, Animaux & Végétaux