vers marins
— © Nakano et al. / University of Tsukuba / Communications Biology 2023

Une équipe de chercheurs japonais a documenté l’étrange stratégie reproductive de créatures marines vermiformes de quelques centimètres de long, contribuant à clarifier leur phylogénie.

Étudier la reproduction des Xenoturbella en laboratoire

Évoluant à des profondeurs pouvant atteindre plusieurs centaines de mètres, les Xenoturbella possèdent une structure corporelle très simple (comprenant une bouche mais pas d’yeux, de cerveau, d’estomac ou d’anus) et présentent également une symétrie bilatérale. Autant de caractéristiques ayant entraîné une certaine confusion quant à la place exacte de ces créatures sur l’arbre de vie.

Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Communications Biology, les scientifiques de l’université de Tsukuba ont observé l’étrange mode de reproduction de Xenoturbella bocki. Impliquant la libération de gamètes (cellules reproductrices) via des interstices parsemant leur paroi corporelle, celle-ci contribue à éclairer l’histoire évolutive de ces espèces.

« Nous avons découvert que les œufs et le sperme étaient libérés via des ouvertures n’apparaissant que pour la fraie », détaille Hiroaki Nakano, auteur principal de l’étude. « Sur la base de nos observations, nous pensons que les gamètes commencent probablement à se développer à la surface de l’intestin, migrent vers la cavité corporelle lorsqu’ils arrivent à maturité, et sont ensuite libérés dans l’eau via ces interstices. »

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Individus femelles (a, b) et mâles (c, d) libérant des gamètes — © Nakano et al. / University of Tsukuba / Communications Biology 2023

Un défi de taille

Selon l’équipe, garder les Xenoturbella adultes en vie dans leur laboratoire a constitué un véritable défi, en raison des milieux extrêmes dans lesquels ces créatures évoluent. Leur choix s’est porté sur Xenoturbella bocki, plus robuste et vivant à des profondeurs moindres que les autres espèces connues.

Prélevés dans le fjord Gullmar, en Suède, les spécimens adultes étudiés ont eu l’opportunité de se reproduire environ une fois tous les 30 jours.

« La compréhension des caractéristiques reproductives de Xenoturbella se révèle indispensable pour clarifier la phylogénie de ces vers aquatiques », estime Nakano. « En plus de nous fournir une occasion unique d’étudier le développement larvaire, la reproduction réussie en laboratoire contribue à éclaircir ce mystère évolutif. »

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