L’observation de nématodes a révélé que dans des conditions de stress extrême, ces minuscules organismes pouvaient développer des attributs cauchemardesques et dévorer leurs propres congénères.
A. sudhausi révèle ses secrets
Capables « d’hiberner » pendant des dizaines de milliers d’années et de prendre des décisions complexes, les nématodes se nourrissent généralement de bactéries ou d’algues et possèdent une petite bouche adaptée à ces types de régimes alimentaires.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Science Advances, Ralf Sommer, de l’Institut Max Planck de biologie, et ses collègues ont constaté que lorsque de jeunes Allodiplogaster sudhausi étaient nourris avec de minuscules champignons du genre Penicillium, leur bouche se développait de façon démesurée et ceux-ci recouraient au cannibalisme.
Jusqu’à présent, des bouches étroites et sensiblement plus larges avaient été documentées chez des vers se nourrissant respectivement de bactéries et d’espèces de nématodes beaucoup plus petites qu’eux.
En étudiant la génétique sous-tendant ces deux formes et la nouvelle variante extrême, dite « tératostomateuse » (Te) et uniquement observée chez A. sudhausi, l’équipe a découvert qu’elles étaient toutes trois contrôlées par un même gène : la sulfatase. « L’ensemble des instructions génétiques de l’espèce ayant été dupliqué tardivement au cours de son évolution, il est possible que ce phénomène ait facilité l’apparition de cet attribut », estime Sommer.
Une stratégie désespérée
Les champignons possédant une faible teneur en nutriments, il est probable que ce morphe et le comportement cannibale l’accompagnant soient apparus en réponse à de faibles ressources alimentaires et une densité élevée de vers.
Si un scénario similaire avait été précédemment observé chez des têtards et certaines salamandres, dans la quasi-totalité des cas, ces créatures s’attaquaient à des espèces étroitement apparentées mais évitaient leurs congénères génétiquement identiques.
« Une telle découverte suggère une stratégie vraiment désespérée », commente Nicholas Levis, de l’université de l’Indiana.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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