Souvent présentés comme des oiseaux de mauvaise augure, ces charognards jouent pourtant un rôle essentiel en limitant la propagation de certaines maladies comme la rage. Considérés en danger d’extinction, il semble aujourd’hui plus que jamais indispensable de tout faire pour les préserver.
De nombreuses espèces de vautours en danger critique d’extinction
Récemment, deux scientifiques de l’Université d’Utah aux États-Unis ont publié une étude extrêmement alarmante s’attachant à mettre en avant les causes et les conséquences terribles de leur possible disparition. Celle-ci précise notamment que les vautours au sens large (une vingtaine d’espèces) représentent le groupe d’oiseaux le plus menacé au monde. En effet, en 2004, 95 % des représentants de trois espèces indiennes avaient péri, ce qui les plaçait en danger critique d’extinction. Onze ans plus tard, c’était cette fois 11 espèces de vautours africains qui venaient s’ajouter à la liste.
Dans les deux cas, il s’agissait de pertes causées par un empoisonnement alimentaire d’origine humaine. En Inde, la substance incriminée était le diclofénac, un anti-inflammatoire utilisé sur l’homme et le bétail. Les procédures d’équarrissage n’existant pas dans certains régions du pays, les charognards qui se nourrissaient des carcasses d’animaux d’élevage traités au diclofénac ne survivaient pas. En Afrique, ce sont les braconniers, ayant pour habitude de recouvrir la carcasse des animaux qu’ils tuent de poison afin que les charognards ne révèlent pas leur position, qui étaient incriminés.
Les vautours doivent être à tout prix préservés
Selon les chiffres de l’étude publiée dans la revue scientifique Biological Conservation, pas moins de 59 % des charognards évoluant dans les réserves naturelles africaines auraient été touchés (directement ou indirectement) par ces empoisonnements, dont 88 % de vautours. Cela s’avère particulièrement problématique, puisque ces rapaces nécrophages jouent un rôle indispensable dans la préservation de la santé humaine. En effet, ceux-ci participent à rendre les carcasses plus accessibles aux détritivores (bactéries, champignons…) qui vont recycler leurs composés organiques toxiques.
Les vautours participent également indirectement à éviter que certaines maladies ne se propagent et n’impactent les populations humaines. En effet, lorsque les charognards ne peuvent faire leur travail, ce sont d’autres animaux (rats, chiens errants ou corbeaux) qui s’en chargent, et ces derniers étant au contact de l’homme, les risques de propagation rapide de certaines maladies agressives comme la rage s’en trouvent décuplés. Ainsi, entre 1996 et 2006, une population de centaines de milliers de chiens errants avaient favorisé une épidémie de rage en Inde, qui avait fait 48 000 victimes.
En résumé, si rien n’est fait dans un avenir proche pour assurer la pérennité de ces nombreuses espèces de vautours, de tels scénarios pourraient être amenés à se répéter dans de nombreuses régions du monde.
Par Yann Contegat, le
Source: Sciences et Avenir
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