Et si une simple case non cochée pouvait mettre fin à une des plus grandes aventures spatiales du XXIe siècle ? Coincée entre un calendrier budgétaire et une crise politique, la sonde Juno risque de se taire à jamais. Voici pourquoi cette menace n’a rien de théorique.

Une mission prolongée jusqu’à l’impasse administrative
Tout d’abord, rappelons que quand Juno a décollé en 2011, peu pariaient sur une durée de mission aussi longue. Arrivée en 2016 dans l’orbite de Jupiter, elle a été conçue pour durer 5 ans. Et pourtant, mission après mission, prolongation après prolongation, Juno a dépassé toutes les attentes.
En 2021, la NASA a validé une extension jusqu’au 30 septembre 2025, pour continuer à explorer les lunes joviennes, notamment Ganymède, Europe et Io, avec une précision inégalée.
Mais voilà : le 1er octobre 2025 marque le début d’un shutdown fédéral aux États-Unis. L’administration est paralysée, les agences comme la NASA tournent au ralenti. Et surtout, aucune autorité n’a validé la suite de la mission Juno au-delà du 30 septembre. Une décision administrative, ou plutôt son absence, pourrait donc sonner la fin d’une aventure scientifique majeure. Une fin absurde pour une mission d’une telle richesse.
Un bijou scientifique sous-estimé dans la priorité budgétaire
Ensuite, il faut comprendre que ce n’est pas qu’une sonde parmi d’autres. Juno est une clé pour comprendre le système jovien : sa magnétosphère, ses orages titanesques, ses vents ultra-rapides, mais aussi l’activité volcanique de Io, ou l’océan souterrain d’Europe. Des éléments essentiels pour répondre à LA question : sommes-nous seuls dans l’Univers ? Une question qui fascine autant qu’elle inquiète.
Par conséquent, les données de Juno ne servent pas qu’à la recherche fondamentale : elles alimentent aussi Europa Clipper, une autre mission de la NASA lancée en 2024 et attendue en 2030 autour de Jupiter. Sans la continuité de Juno, un trou dans les observations risque de compromettre la mise en contexte des futures données. C’est comme déchirer la première moitié d’un roman et tenter de comprendre la suite sans aucun repère.
Une sonde sacrifiée sur l’autel de l’inertie politique
Dès lors, durant un shutdown, seuls les services jugés critiques sont maintenus. C’est le cas de la Station spatiale internationale ou des satellites de surveillance terrestre. Mais Juno, bien qu’exceptionnelle scientifiquement, ne figure pas sur la liste des missions dites « critiques ». Sans ordre formel avant le 30 septembre, les équipes devront couper les communications. Imaginez : tout arrêté, en silence, dans l’indifférence.
Et tout cela à cause d’un formulaire administratif non validé à temps. Littéralement. Ce serait une première dans l’histoire spatiale moderne : mettre fin à une mission opérationnelle, qui fonctionne parfaitement, simplement parce qu’aucun cadre administratif n’a pu être présent pour signer une reconduction.
Sauver Juno, c’est choisir la science contre la paperasse
Heureusement, le seul moyen de sauver Juno reste envisageable : faire pression avant l’entrée en vigueur du shutdown. Des chercheurs, des universités, des passionnés du spatial se mobilisent pour faire valoir l’importance de la mission. Des pétitions circulent, des tribunes sont publiées. L’objectif : obtenir le statut de mission « critique » pour Juno, ou au moins assurer un service minimum permettant de continuer à la piloter à distance.
En fin de compte, ce n’est pas une question de technologie, mais de volonté politique. Une décision rapide permettrait de prolonger la mission jusqu’à l’arrivée d’Europa Clipper, de façon fluide, sans perte de données. Et de montrer que l’exploration spatiale reste une priorité, même en temps de crise. Juno peut encore être sauvée. Il faut simplement le décider. Et vite.
Par Eric Rafidiarimanana, le
L’exploration spatiale une priorité ? Pour qui ?
Le réchauffement planétaire, la déforestation, la perte de biodiversité, l’élévation du niveau des océans, la pollution gigantesque de ceux-ci, toutes les maladies à vaincre, etc, etc, etc.
Et une mission spatiale devrait être prioritaire ? Un peu de décence svp.
Bonjour Visesse, nous faisons que relever des faits, après a chacun de faire son avis et prendre ces positions 😉
Salut, tu parles du réchauffement, de la pollution, de la montée des océans ? Justement : une grande partie des données qui nous permettent de comprendre et de suivre ces phénomènes viennent… de l’espace et de sa technologie. Sans satellites, pas de climatologie moderne, pas de prévisions météo fiables, pas de surveillance de la déforestation, pas de détection des incendies, ni du recul des glaciers. Sans parler des avancés en matière de médecine… Coupe le budget spatial, et tu deviens aveugle à la crise climatique tu ne sauras même plus où nous en sommes. Refuser d’explorer sous prétexte que la Terre souffre, c’est comme refuser d’apprendre à nager parce que le bateau prend l’eau. C’est idiot.