À travers les cieux, l’espace et le temps, un vaisseau s’en vient. C’est l’Odysseus, vaisseau d’Ulysse, aux prises avec Zeus qui le condamne à errer dans l’espace infini. Dans cet univers fantastique de science-fiction se mêlent chorégraphies de combats futuristes et dieux mythologiques. La plupart d’entre nous s’en souviennent, c’était il y a 30 ans. Ulysse 31, cette série d’animation franco-japonaise qui sera la première pierre d’une époque qui marquera une génération encore nostalgique.
Lorsque FR3 souhaite en 1981 une nouvelle série animée pour son programme jeunesse, la chaîne nationale française se tourne vers DIC (Diffusion Information Communication). Depuis connue pour Les Mystérieuses Cités d’Or, Inspecteur Gadget, MASK ou encore Jayce et les Conquérants de la lumière, cette société de production n’avait à l’époque que très peu d’expérience dans l’animation.
Jean Chalopin, son créateur, décide alors de se tourner vers le pays du Soleil-Levant et plus spécifiquement Tokyo Movie Shinsha, déjà connu pour Rémi sans famille ou Lady Oscar. Entouré de Nina Wolmark et de Bernard Deyriès pour développer l’histoire originale, les scénarios et réaliser la série, le dessin et l’animation seront délégués à la firme nippone, faisant d’Ulysse 31 la première collaboration franco-japonaise de l’histoire de l’animation.
Ulysse 31 ou Uchū Densetsu Yurishīzu Sātīwan dans sa version japonaise reprend en 26 épisodes de 26 minutes l’histoire d’Ulysse au XXXIe siècle. Cette Odyssée d’Homère futuriste renvoie donc Ulysse voguer sur l’océan du cosmos de l’Olympe à bord de son vaisseau spatial, l’Odysseus, au look composite du logo de FR3 et de la station spatiale V de 2001 : l’Odyssée de l’espace. La mythologie grecque, carburant de l’histoire, nous inspire alors différentes entités, divines ou non, passant de Zeus à Poséidon, de Minos à Sisyphe.
Les personnages représentés correspondent assez bien à l’idée manichéenne antique. Les dieux sont puissants, vindicatifs, courroucés et impérieux. Ulysse, lui, est grand, fort, vertueux, justicier, fin stratège, diplomate et bien sûr prêt à tout pour défendre les gens qui lui sont chers. C’est d’ailleurs en voulant sauver son fils, Télémaque, enlevé par des moines adorateurs du Cyclope qu’Ulysse va s’attirer la foudre des dieux.
« Quiconque ose défier la puissance de Zeus doit être puni ! Tu erreras désormais dans un monde inconnu. Jusqu’au Royaume d’Hadès, vos corps resteront inertes. » Et voilà, l’aventure commence ! Si la majorité de l’équipage de l’Odysseus flotte dans la salle de conférence, quelques personnes n’ont pas été affectées par la malédiction, à savoir Ulysse, Télémaque ainsi que Thémis, une jeune humanoïde originaire de la planète Zotra.
Les machines également insensibles auront pour charge de gérer le vaisseau sous la direction de Shyrka, unité centrale de l’Odysseus. Ses fonctions et sa façon de parler sonnent là encore comme une référence à 2001 : l’Odyssée de l’espace. La différence majeure avec HAL 9000 étant, outre la voix féminine, son tempérament. Moins méchant et plus obéissant, Shyrka incarne la figure maternelle de l’histoire.
Le design de ces unités mécaniques et du vaisseau sont l’œuvre du mecha designer Shōji Kawamori, connu par la suite pour son travail de réalisation ou de scénariste pour des séries comme Vision d’Escaflowne ou Cowboy Bebop. Le meilleur pour la fin, il reste Nono, le petit robot héros, meilleur ami de Télémaque. Boite à outils de l’équipe, il est serviable, peureux et c’est le comique de la bande. Toujours là pour faire l’idiot, il saura être décisif dans les pires situations, souvent malgré lui.
Lors des 26 épisodes que compte la série, leur objectif sera d’atteindre le royaume d’Hadès afin de libérer leurs compagnons de l’emprise de la malédiction avant de reprendre le chemin de la Terre. Lors de cette odyssée, les dieux n’en finiront pas de les tester par des épreuves souvent cruelles. 26 aventures au cours desquelles se succèderont nombre de références mythologiques. En raison du contexte bien différent, les pièges originels seront déjoués dans un style plus XXXIe siècle, souvent à coup de vaisseau spatial, de pistolet-sabre laser, de bouclier à énergie et autres gadgets futuristes.
L’atmosphère mélancolique ajoutée au poids mythologique de l’histoire en font une série d’animation particulièrement prenante. La palette de couleurs, très froide, nous enveloppe d’un vide sidéral et renforce l’univers métallique surreprésenté. Pour l’époque, l’animation proposée est de très bonne qualité et est aujourd’hui encore saluée par les amateurs du genre.
La fin de la diffusion de cette série emblématique de la génération Albator en avril 1982 ne signera pas sa mort. Ses nombreuses rediffusions sur les différentes chaînes jeunesse en sont la preuve. Les génériques entêtants et son univers hybride très particulier inspirent aujourd’hui encore des discussions enflammées lorsque l’on aborde la lignée des séries cultes. Ulysse 31, une série d’animation qui aura été le fer de lance d’une longue collaboration franco-japonaise pour le plus grand plaisir de la jeunesse des années 80.
Par Gabriel Pilet, le
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