Représentation artistique de l’astre vampire récemment découvert (au premier plan) et de son compagnon (à l’arrière-plan) dépouillé de son atmosphère — © ESO / L. Calçada

L’examen approfondi des données de puissants télescopes a confirmé que les signaux initialement attribués au supposé trou noir le plus proche de la Terre émanaient en fait d’un système stellaire binaire.

Une analyse minutieuse

Il y a deux ans, une équipe d’astronomes dirigée par l’Agence spatiale européenne avait repéré d’étranges lignes spectrales dans le système HR 6819, situé à seulement 1 000 années-lumière de la Terre, suggérant qu’il était composé de deux astres et d’un trou noir quatre fois plus massif que le Soleil perturbant leur orbite. Cependant, des études complémentaires avaient jeté le doute sur l’existence d’un tel objet dans cette partie du cosmos.

Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Astronomy & Astrophysics, les mêmes chercheurs ont passé au peigne fin les données spectroscopiques et interférométriques du Very Large Telescope, au Chili. Cette analyse minutieuse a permis de confirmer que HR 6819 n’était pas un système triple comportant un trou noir, mais un système binaire théâtre d’un cas de « vampirisme stellaire », où l’un des deux astres le composant aspire l’atmosphère de son compagnon.

« La spectroscopie et l’interférométrie nous permettent de mesurer très précisément les positions de tels objets », explique Abigail Frost, auteure principale de l’étude. « Un système triple composé de deux étoiles et d’un trou noir impliquerait que l’un des astres se trouve sur une orbite large, loin du second et du trou noir. Ces deux ensembles de données nous ont permis de distinguer ces deux scénarios. »

La formation d’une étoile Be

Si l’absence d’un objet massif sur une orbite large a permis d’éliminer l’éventualité d’un système triple comportant un trou noir, l’étreinte étroite des deux astres suggérait que l’un d’entre eux « dévorait » l’autre, créant ce que l’on appelle une étoile Be.

« À mesure que l’étoile donneuse était dépouillée d’une partie de sa matière, la réceptrice commençait à tourner plus rapidement », explique Julia Bodensteiner, co-auteure de l’étude.
« Il est extrêmement difficile d’appréhender une telle phase post-interaction, car elle est très courte. »

« Ces découvertes concernant HR 6819 sont très excitantes, car elles font du système un candidat idéal pour étudier comment ce vampirisme affecte l’évolution des étoiles massives, et par extension la formation de phénomènes associés, notamment les ondes gravitationnelles et les violentes explosions de supernova », conclut la chercheuse.

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