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Si les approches utilisées pour empêcher la propagation du paludisme consistaient jusqu’à présent à éradiquer les moustiques en étant porteurs ou à les empêcher d’acquérir le parasite, une nouvelle méthode bloque la croissance de ce dernier à l’intérieur de l’intestin de l’insecte.

Empêcher la transmission du paludisme

Le paludisme se propage lorsqu’un moustique femelle pique une personne déjà infectée par le parasite Plasmodium. Transporté avec le sang aspiré dans l’intestin de l’insecte, celui-ci entre dans sa prochaine phase de développement. Une fois ce stade atteint, il migre vers les glandes salivaires du moustique, qui pourra le transmettre lorsqu’il piquera à nouveau.

Selon les scientifiques du projet Transmission:Zero, seuls 10 % environ des moustiques en étant porteurs vivent suffisamment longtemps pour que le parasite atteigne le stade infectieux. Partant de ce constat, l’équipe a entrepris de ralentir la croissance de Plasmodium dans l’intestin de l’insecte, afin que ce dernier meure naturellement avant que le parasite ne devienne infectieux ou n’atteigne ses glandes salivaires.

Pour ce faire, les scientifiques de l’Imperial College London ont modifié génétiquement les moustiques Anopheles gambiae, principal type vecteur du paludisme, afin qu’ils produisent deux types de molécules de « peptides antimicrobiens » chaque fois qu’ils ingèrent du sang. Obtenues à partir de grenouilles Xenopus laevis et d’abeilles, ces molécules interfèrent non seulement avec le métabolisme énergétique du parasite, ce qui nuit à son développement, mais réduisent également la durée de vie du moustique (sachant que les femelles adultes vivent environ six semaines).

Au cours d’expériences détaillées dans la revue Science Advances, les moustiques modifiés se sont révélés beaucoup moins efficaces que leurs homologues ordinaires pour transmettre le parasite du paludisme. L’idée étant que, s’ils étaient relâchés dans la nature, les spécimens modifiés se croiseraient avec les autres, propageant progressivement leurs gènes impactant la croissance des parasites au sein d’une vaste population.

Des modifications génétiques bientôt testées sur le terrain

Malheureusement, leur durée de vie plus courte les désavantagerait nettement à cet égard : le processus de sélection naturelle éliminerait rapidement leur caractère unique du patrimoine génétique. C’est pourquoi les scientifiques envisagent de modifier davantage les moustiques afin de forcer la propagation des gènes modifiés dans une population.

La prochaine étape consistera à évaluer le potentiel des moustiques modifiés « sur le terrain », dans une installation en Tanzanie. Afin de réduire les risques de perturbation de l’écosystème, deux types de moustiques seront testés séparément, l’un avec les seules molécules antiparasitaires, l’autre avec le seul gène favorisant leur transmission. Si aucun de ces deux types ne s’avère nuisible pour l’environnement, ils pourraient alors être combinés en une seule souche.

« Depuis de nombreuses années, nous essayons en vain d’obtenir des moustiques qui ne peuvent pas être infectés par le parasite ou qui peuvent éliminer tous les parasites grâce à leur système immunitaire », explique Astrid Hoermann, co-auteure de l’étude. « Retarder le développement du parasite au sein de leur organisme ouvre de nouvelles possibilités pour empêcher la transmission du paludisme du moustique à l’Homme. »

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