Des scientifiques réalisent une percée dans le traitement d’une maladie auto-immune dévastatrice

Son utilisation a entraîné une rémission durable chez l’ensemble des patients atteints de lupus traités

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Image d’illustration — Corona Borealis Studio / Shutterstock.com

Une équipe de chercheurs allemands a annoncé que cinq patients soumis à un traitement immunothérapique expérimental contre le lupus étaient tous entrés en rémission pour une durée allant jusqu’à 17 mois.

Traiter le lupus grâce à la thérapie par cellules CAR-T

Le lupus érythémateux systémique (ou simplement lupus) est une maladie auto-immune qui touche la majeure partie de l’organisme. Les cellules immunitaires attaquent par erreur les tissus sains, ce qui entraîne une série de symptômes allant de la fièvre, de la fatigue, des douleurs articulaires et des éruptions cutanées à des lésions graves des organes vitaux, notamment le cœur et les reins. Les symptômes peuvent être persistants, ou apparaître par poussées suivies de périodes de rémission.

Bien qu’il n’existe actuellement aucun traitement curatif, les options thérapeutiques comprennent les glucocorticoïdes qui réduisent l’inflammation, les thérapies atténuant l’activité des cellules immunitaires ou les médicaments soulageant les poussées de douleur. Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Nature Medicine, des scientifiques de l’université d’Erlangen-Nuremberg, en Allemagne, ont obtenu des résultats prometteurs avec un nouveau traitement expérimental : la thérapie par cellules T à récepteur d’antigène chimérique (CAR).

Forme d’immunothérapie explorée pour le traitement du VIH et du cancer, cette approche consiste à prélever les cellules immunitaires d’un patient, à les modifier pour qu’elles traquent une cible spécifique, puis à les lui réadministrer. Dans ce cas, la cible était la CD19, une protéine exprimée à la surface des cellules immunitaires B, se dérèglant en cas de lupus. L’équipe a administré les cellules CAR-T à cinq patients atteints de lupus actif, dont quatre femmes et un homme, âgés en moyenne d’une vingtaine d’années.

— anut21ng Stock / Shutterstock.com

Les résultats se sont avérés impressionnants, avec des cellules CAR-T se développant rapidement dans l’organisme des patients au cours des 10 premiers jours et réduisant leurs cellules B à des niveaux indétectables. Lorsque les scientifiques ont effectué un suivi entre trois et 17 mois après le traitement, les cinq patients étaient entrés et restaient en rémission, leurs symptômes s’estompant au point qu’ils n’avaient plus besoin de leurs médicaments habituels.

Une redémarrage du système immunitaire

Fait intrigant, les populations de lymphocytes B des patients ont rebondi dans les mois ayant suivi le traitement, mais ces nouvelles cellules immunitaires étaient « naïves », c’est-à-dire dépourvues des anticorps qui les poussaient à se retourner contre l’organisme. Selon l’équipe, cela suggère qu’un « redémarrage du système immunitaire » peut effectivement se produire après un traitement par cellules CAR-T.

Fait important, les effets secondaires semblaient légers, comme de la fièvre pendant quelques jours, et l’équipe n’a signalé aucune infection.

Si ces résultats prometteurs laissent entrevoir une nouvelle thérapie potentielle pour le lupus, et potentiellement d’autres maladies auto-immunes, de futurs essais cliniques seront nécessaires, avec des cohortes plus importantes et des périodes de suivi plus longues, pour évaluer pleinement la sécurité et l’efficacité de l’approche.

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