Les chiots font partie des animaux de compagnie les plus prisés et les plus adorés dans le monde. Or, chaque année, les trafics illégaux de chiots élevés en Pologne ou en Hongrie sont vendus à l’Ouest. Ces animaux sont les premières victimes de ces trafics. Ils subissent des conditions d’élevage atroces qui profitent malheureusement financièrement aux vendeurs.

L’INQUIÉTANTE MULTIPLICATION DES TRAFICS ILLÉGAUX DE CHIOTS

Selon l’ONG Four Paws, luttant pour la protection des animaux, près de 8 millions de chiots sont utilisés chaque année pour être vendus illégalement. Un atroce marché animal qui engendre plus d’un milliard d’euros de revenus pour les vendeurs. Par ailleurs, la Brigade nationale d’enquêtes vétérinaires et phytosanitaires (BNEVP), unité d’investigation du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation qui étudie le trafic des animaux, a récemment réalisé une étude révélant qu’environ 50 000 chiens arriveraient de manière illégale en France chaque année.

Ces chiots sont élevés en grand nombre principalement en République tchèque, en Pologne, en Hongrie ou encore en Slovaquie. Ils sont ensuite vendus en Europe de l’Ouest, et surtout en France. Ils proviennent de fermes illégales, telles que d’anciennes exploitations agricoles, d’immenses cages où les chiots vivent à l’étroit et tous entassés les uns sur les autres, ou encore de réseaux gérés par certains particuliers. Alors même que la loi de plusieurs pays, dont la France, interdit l’importation d’animaux qui ne sont pas encore en âge d’être vaccinés contre la rage, certains revendeurs transportent quand même des chiots qui ont à peine 1 ou 2 mois. En Allemagne, un vétérinaire tchèque transportant 42 chiots non vaccinés pour les vendre en Belgique avait d’ailleurs été arrêté.

Au sein de l’Union européenne, de nombreux cas sont régulièrement recensés. L’histoire de Sahra Chergui en témoigne. En effet, c’est en 2015 qu’elle a fini par craquer en achetant un chien sur Le Bon Coin. Normalement au prix de 1 500 euros en animalerie, elle l’a finalement acheté 800 euros. Les vendeurs étaient une Française et un Ukrainien. Ils lui ont également expliqué qu’ils importaient des chiens d’Ukraine et bien évidemment vaccinés. Le chiot s’est rapidement accommodé à sa nouvelle vie. Joueur et vigoureux, il avait tout de même « l’air fatigué » et souvent « fébrile ». Un soir, après s’être allongé, son souffle devint de plus en plus faible et il mourut chez le vétérinaire dans la nuit. Cet exemple de trafic illégal de chiot témoigne de conditions d’élevage désastreuses dans ces régions de l’Europe, explique le vétérinaire. Par ailleurs, les vendeurs étaient injoignables. Une tragique histoire qui reflète bel et bien l’inquiétant trafic de chiots d’Europe de l’Est qui continue de servir vers la France.

DES ANIMAUX SUBISSANT DES TRAITEMENTS ABOMINABLES

Au sein des élevages, les chiots subissent des traitements abominables. Václava Brabcová, directrice de la Société pour la protection des animaux abandonnés tchèques, explique qu’il « n’est pas rare de trouver des dizaines, voire parfois des centaines, d’animaux dans des endroits laissés à l’abandon, sans soins médicaux, sans alimentation adéquate et sans liberté de mouvement« . Elle précise également que les mères vivent dans la contrainte. Pour quelle raison ? Avoir le plus de chiots possible à vendre à travers l’Europe. « Les femelles mettent bas aussi régulièrement que possible et on leur donne même parfois des hormones pour accélérer le processus. Les animaux sont malades, souffrent d’infections et de parasites, et des chiens d’une même famille s’accouplent souvent ensemble. »

— FannyF / Shutterstock.com

« IL Y A UN INTÉRÊT PÉCUNIAIRE QUI EST TELLEMENT IMPORTANT QUE LES GENS CONTINUENT, MÊME S’ILS SONT ARRÊTÉS »

Les trafiquants de chiots d’Europe de l’Est vers la France, ou autres pays européens, y voient un réel investissement personnel et un moyen très aisé de se faire de l’argent. « Certains revendeurs gagnent 100 ou 150 euros par chien envoyé. (Certains gagnent) 5 000 euros dans la semaine », a pu expliquer une ancienne revendeuse française travaillant en Slovaquie. Celle-ci a été condamnée deux fois en France pour avoir importé des chiots bien trop jeunes. Parfois, elle pouvait vendre jusqu’à 150 animaux en une semaine.

« Il y a un intérêt pécuniaire qui est tellement important que les gens continuent, même s’ils sont arrêtés », s’indigne Arnaud Lhomme, responsable de la cellule anti-trafic de la fondation 30 Millions d’amis. Malheureusement, les chiots en question sont majoritairement malades peu de temps après être arrivés dans leur nouvelle famille. « Les chiots les plus malades paraissent vifs et en forme aux acheteurs grâce à des injections d’adrénaline, mais la réalité ne tarde pas à les rattraper », a affirmé Andreas K., ancien revendeur allemand, comme l’a expliqué Four Paws dans un communiqué.

UN MANQUE CRUCIAL DE CONTRÔLES

Les trafics illégaux de chiots se sont multipliés à partir de 2000. Les sites Le Bon Coin ou encore eBay ont particulièrement favorisé le développement rapide de ces réseaux. De simples outils pour contacter rapidement des revendeurs. D’autres privilégient les trafics illégaux sans passer par Internet. En 2014, 154 chiens et 65 chats ont heureusement été sauvés dans des animaleries à Paris et 5 individus ont pu être arrêtés. Jean-Pierre Lieuvin, propriétaire de quatre des cinq animaleries concernées, a été condamné pour trafic et vente illégale d’animaux d’Europe de l’Est à l’aide de faux papiers. D’autres vendeurs de ce genre ont également été condamnés, comme par exemple en 2001 à la découverte d’un élevage malpropre de chiens dans un château de Seine-et-Marne.

« Les gens veulent des animaux très, très jeunes. Quatre mois, c’est déjà vieux pour les gens qui veulent adopter un tout petit chiot, donc il va y avoir de fausses déclarations de naissance et de fausses dates de vaccin antirabique« , explique Arnaud Lhomme. Frank Verger, enquêteur à la Brigade nationale d’enquêtes vétérinaires et phytosanitaires, explique également que la France condamne les trafiquants qui introduisent illégalement des animaux à 2 ans de prison ferme et 300 000 euros d’amende.

Malheureusement, les contrôles faits par les autorités restent minimes en raison d’effectifs très bas. De plus, les livraisons de chiots qui sont réalisées dans l’espace Schengen n’obligent aucun contrôle douanier. Les États membres de l’Union européenne n’ont pas non plus établi une législation commune concernant les transports d’animaux. Alors qu’en 2016 des euro-députés avaient soumis une proposition de loi pour renforcer l’identification des animaux domestiques, et qu’en 2017 une plateforme européenne pour veiller au bien-être des animaux avait été créée, aucune mesure concrète n’a été jusqu’à présent réellement mise en place pour lutter au mieux contre les trafics illégaux de chiots, ou autres animaux. Une situation très inquiétante pour la santé et les conditions de vie des animaux, qui manquent cruellement d’importance au sein des sociétés.

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Brequel
Brequel
4 années

Moi j’en ai marre de tout cela nous sommes à une époque (21siecle) où tout le monde se fou de tout. Chaque années de plus en plus d’animaux sont abandonnés, la maltraitance, la cruauté n’en parlons pas ! Ce trafic d’animaux n’est pas nouveau, comme tout le reste on en… Lire la suite »

Clairel
Clairel
4 années

Je suis indignée, par autant d’inefficacite, aux portes de notre pays. Il faut tout bonnement interdire, cet honteux trafic, et pour cela, interdire la vente dans les animaleries. Faire de la prévention, auprès des cabinets de vétérinaires. Il faut vraiment, que les choses bougent. S’il faut du monde, pour vérifier… Lire la suite »