Oubliez les traditionnels enterrements et autres crémations. Dans certaines régions du monde, des rites funéraires ancestraux, et nettement plus « insolites », continuent d’être pratiqués. On s’intéresse aujourd’hui aux « tours du silence ».
Purifier l’âme du défunt
Indissociables du zoroastrisme, apparu vers le second millénaire avant notre ère dans la steppe eurasienne et ayant constitué la religion officielle de l’Empire sassanide jusqu’au VIIe siècle de notre ère, les tours du silence (ou dakhmâ) sont des structures circulaires surélevées. Les corps des défunts sont disposés à l’intérieur afin que les rapaces se nourrissent de leurs chairs putréfiées.
Pour les communautés zoroastriennes, cette pratique funéraire constitue un moyen de s’assurer que leur âme conserve son intégrité dans l’au-delà : contrairement à la terre ou au feu, la chair humaine est considérée comme impure.
Ce processus se révèle beaucoup plus rapide qu’on ne pourrait le croire. Alors que la décomposition d’un corps placé à l’intérieur d’un cercueil prend généralement plusieurs années, dans certains cas, une poignée d’heures est nécessaire pour qu’une dépouille soit « purifiée » par un groupe de vautours.
Une pratique funéraire menacée
Autrefois répandue, cette pratique plurimillénaire est aujourd’hui interdite dans de nombreux pays. Là ou elle est encore autorisée, comme l’Inde ou le Pakistan, la diminution du nombre de vautours constitue un problème majeur, avec des corps s’entassant dans les dakhmâ.
« En raison du développement rapide de la métropole de Karachi [plus grande ville du Pakistan], la dakhmâ autrefois située à la périphérie de la ville est aujourd’hui entourée de quartiers densément peuplés », détaille Encylopaedia Iranica. « Sous le soleil brûlant du Sindh, les corps sèchent rapidement mais ne sont plus dépouillés de leurs chairs par les rapaces, qui n’ont plus été aperçus dans la zone depuis des décennies. »
Des rites similaires sont pratiqués dans certaines parties de la Chine, ainsi qu’en Mongolie, au Népal et en Inde. Connus sous le nom « d’inhumations célestes », ils consistent à exposer les cadavres à l’air libre afin qu’ils soient dévorés par les vautours. Leur variante tibétaine implique le découpage du corps du défunt, dont la chair est mélangée à de la farine d’orge, du thé et du lait de yak, avant d’être donnée aux rapaces.