
Des archéologues en Bulgarie ont récemment découvert une tour en pierre à la forme triangulaire, un type d’architecture militaire romaine très peu commun. Mise au jour dans les ruines de la forteresse de Kokalanski Urvich, à proximité immédiate de la capitale bulgare Sofia, cette structure remonte à la fin du IIe siècle après J.-C. Elle offre de nouvelles perspectives sur les stratégies défensives romaines et l’importance stratégique précoce de la région de Sofia.
Un lien stratégique avec la Serdica antique
Cette découverte a été faite lors de la phase finale d’une fouille archéologique soutenue par le programme « Culture » de la municipalité de Sofia. Le Dr Filip Petrunov et Violina Kiryakova, responsables des fouilles, ont repéré la tour à 1,7 mètre de profondeur, solidement ancrée dans d’imposantes fondations de pierre. Son plan triangulaire, très atypique pour l’époque, a immédiatement suscité l’intérêt des spécialistes du Musée national d’histoire de Bulgarie.
La signification de cette découverte dépasse le simple intérêt architectural. La tour semble avoir été construite à la même époque que le développement rapide de l’ancienne Serdica, aujourd’hui Sofia, sous l’Empire romain. Ce lien temporel suggère une coordination dans la construction de sites militaires et civils, mettant en évidence une stratégie impériale cohérente à travers les Balkans.
La datation de la tour est confirmée par la présence de pièces de monnaie frappées sous le règne de l’empereur Caracalla (211-217 ap. J.-C.). Ces éléments permettent d’affirmer qu’il s’agit de la plus ancienne structure découverte sur le site d’Urvich, ce qui indique que la fonction défensive de cet emplacement a débuté bien avant ce que l’on supposait jusqu’ici.
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— Sarah (@Sarah404BC) July 23, 2025
Une forteresse habitée et renforcée au fil des siècles
L’histoire de la tour ne s’arrête pas à l’époque romaine. Des indices clairs révèlent que la structure a été occupée, entretenue et même reconstruite à plusieurs reprises au cours du Moyen Âge. Des éléments de maçonnerie byzantine retrouvés sur place témoignent de ces transformations, suggérant que la tour est restée un poste avancé stratégique pendant plus d’un millénaire.
L’une des découvertes les plus révélatrices est une pièce de monnaie datant du règne de l’empereur byzantin Isaac II Angelos (1185-1195 ap. J.-C.). Elle prouve que le site a été restauré au XIIe siècle et réintégré dans le réseau de défense du Second Empire bulgare ou de l’Empire byzantin tardif. Cette longévité souligne la solidité architecturale du lieu et sa position géostratégique durable dans le paysage militaire des Balkans.
La conception triangulaire de la tour a été comparée au « triangle de Serdica », un site où des ruines romaines se trouvent sous les bâtiments gouvernementaux du centre moderne de Sofia. Tandis que le triangle de Serdica illustre l’urbanisme civil, la tour de Kokalanski Urvich semble en être le pendant militaire, renforçant le réseau stratégique à l’origine de la prospérité de Serdica. En connectant ces deux « triangles », les historiens reconstituent une image plus globale des infrastructures et stratégies romaines dans la région de Thrace.
Un patrimoine rendu accessible au grand public
Dans le cadre de la valorisation du patrimoine historique, des panneaux d’information ont été installés autour de la forteresse de Kokalanski Urvich. L’objectif est d’aider les visiteurs à mieux comprendre l’importance des structures découvertes sur le site. Cette initiative s’inscrit dans un projet plus vaste du Musée national d’histoire intitulé « La maison de l’aigle à deux têtes », visant à rapprocher le public des sites historiques et à encourager l’intégration du patrimoine dans la vie culturelle quotidienne.
Ces actions contribuent au développement d’un tourisme culturel fort, en offrant une expérience éducative et immersive, tant pour les résidents que pour les touristes étrangers. La tour triangulaire devient ainsi un symbole vivant de l’histoire bulgare, du passé romain à l’époque byzantine.
La découverte de cette tour triangulaire dépasse largement le cadre de l’archéologie pure. Elle révèle une partie essentielle de l’histoire militaire et politique de la région, illustrant les transitions entre différentes puissances. Avec la poursuite des recherches et l’intérêt croissant du public, ce site pourrait devenir un pilier du tourisme historique et de la recherche en Bulgarie. Par ailleurs, des fouilles au Soudan révèlent les « mensonges » de l’Empire romain.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Arkeonews
Étiquettes: empire romain, bulgarie
Catégories: Actualités, Histoire