Image d’illustration ― Glevalex / Shutterstock.com

Chez certaines personnes, on peut trouver que la valeur n’attend pas le nombre des années. C’est bien le cas de Liel Krutokop, une fillette israélienne de 11 ans qui a récemment fait la découverte d’un shekel (devise de l’État d’Israël) datant d’il y a 2 000 ans à Jérusalem. C’est en s’initiant à la pratique du tamisage archéologique lors d’une activité en famille qu’elle aurait trouvé cette pièce de monnaie. Cette dernière a été retrouvée sur le chemin de pèlerinage menant à la Cité de David.

Un shekel vieux de 2 000 ans

La jeune fille de 11 ans explique comment elle a fait cette découverte : « Nous avons versé le seau avec la terre sur le tamis, et en filtrant les pierres qui étaient à l’intérieur, j’ai vu quelque chose de rond. » La pièce de monnaie que Liel a découverte était enfouie sur un chemin de pèlerinage, celui « qui reliait la piscine de Siloé au sud de la Cité de David au Mont du Temple au nord » et qui était « la rue principale de Jérusalem à l’époque du Second Temple, où des milliers de pèlerins défilaient pour se rendre au Temple », rapporte le Dr Levy.

Ce shekel en argent, qui date des environs de l’année 70, pèse 14 grammes. Le docteur Ari Levy, directeur des fouilles de l’Autorité israélienne des antiquités, parvient à décrire et à dater précisément cette pièce. En effet, il déclare que « sur l’une de ses faces, on peut voir l’inscription d’une coupe avec la légende ‘shekel israélien’ et à côté de la coupe, les lettres ‘ש”ב’ – un raccourci pour ‘deuxième année' ». Cela évoque selon lui la deuxième année de la Grande Révolte des juifs contre les Romains, qui a commencé en 67-68 après Jésus-Christ. Il ajoute que « de l’autre côté de la pièce se trouve une inscription identifiée comme étant le siège du Grand Prêtre, et à côté apparaissent en écriture hébraïque ancienne les mots ‘Sainte Jérusalem' ».

Une découverte extraordinaire

Cette découverte a sans aucun doute marqué la petite Liel, d’autant plus qu’il « s’agit d’une découverte rare, car sur plusieurs milliers de pièces de monnaie découvertes à ce jour lors de fouilles archéologiques, seules 30 pièces environ sont des pièces en argent, de la période de la Grande Révolte », estime le Dr Robert Kool, chef du département de numismatique à l’Autorité des antiquités d’Israël. Il va même jusqu’à nous donner des précisions sur la provenance de l’argent et les moyens employés pour frapper cette monnaie : « L’argent à partir duquel la pièce a été fabriquée provenait des abondantes réserves d’argent du Temple, et elle a été frappée sur l’esplanade du Mont du Temple – peut-être par l’un des prêtres, qui travaillait en coordination avec les chefs rebelles et les assistait. »

Ses propos sont corroborés par le docteur Amit Reem, archéologue, qui déclare qu’on « ne peut qu’imaginer l’ampleur du butin et la quantité d’argent que les Romains ont trouvé dans les entrepôts du Temple ». En effet, « où pouvait-on trouver de l’argent en si grande quantité et de si bonne qualité à l’époque ? Seulement dans le Temple (…) Si c’est le cas, nous pouvons dire avec prudence que cette pièce est, apparemment, l’un des seuls objets que nous pouvons détenir aujourd’hui et qui proviennent du Temple lui-même. » Le Temple était à l’époque un lieu de commerce très important, et comme le déclare le docteur Ari Levy, les nombreux poids et pièces de bronze qu’ils ont trouvés à cet endroit en sont la preuve. « Mais trouver une pièce rebelle en argent pur est définitivement très spécial et excitant. »

La portée symbolique de cette pièce de monnaie

Mais en plus d’être excessivement rare, cette pièce de monnaie a une portée tout à fait symbolique ; en effet, pendant les périodes de rébellion, les pièces de monnaie représentaient un véritable symbole d’indépendance, idée corroborée par le choix de l’écriture hébraïque ancienne que l’on peut trouver sur l’une des faces de la pièce. Ce choix témoignerait, selon Kool, d’une certaine nostalgie d’un royaume juif, indépendant du contrôle des Romains. Il ajoute qu’une monnaie est « un signe de souveraineté. Si vous entrez en rébellion, vous utilisez l’un des symboles d’indépendance les plus évidents, et vous frappez des pièces. L’inscription sur la pièce exprime clairement les aspirations des rebelles. Le choix d’utiliser l’écriture hébraïque ancienne, qui n’était plus utilisée à l’époque, n’est pas accidentel. L’utilisation de cette écriture est venue exprimer la nostalgie des gens de l’époque pour les jours de David et Salomon et les jours d’un royaume juif uni – des jours où le peuple d’Israël avait une indépendance totale sur la Terre. »

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