De manière générale, il est difficile de connaître l’état de conscience d’un patient victime d’accident cérébral, ou même de savoir combien de temps il restera inconscient. Les chercheurs ont cependant découvert qu’un simple test olfactif, très peu coûteux, pourrait aider les médecins à évaluer l’état de ces patients et à leur donner des traitements plus adaptés.
Une méthode peu coûteuse, facile à réaliser et précise
Il est difficile de faire un pronostic sur les chances de reprendre conscience et de survivre en ce qui concerne les patients inconscients après avoir subi de graves lésions cérébrales. En fait, certains de ces patients pourraient vraiment être dans un état de non-réponse ou végétatif, tandis que d’autres pourraient avoir un meilleur pronostic. Les spécialistes qui essaient de déterminer dans quelle catégorie entrent ces patients se trompent 40 % du temps. Cela oblige les médecins, mais aussi la famille des victimes, à prendre des décisions difficiles sur les soins à prodiguer et la durée de la poursuite du traitement.
Une nouvelle étude réalisée par les chercheurs de l’université de Cambridge et du Weizmann Institute of Science en Israël a cependant révélé que la capacité à détecter les odeurs prédit le rétablissement et la survie à long terme chez les patients qui ont subi de graves lésions cérébrales et une perte de conscience. L’étude, publiée dans la revue Nature, montre également qu’un simple « test de reniflement », peu coûteux et pratique, pourrait aider les médecins à diagnostiquer et à développer des traitements plus adaptés pour ce type de patients. La découverte de cette méthode est révolutionnaire, et Anat Arzi, auteur principal de l’étude, a déclaré dans un communiqué : « La précision du test olfactif est remarquable – j’espère que cela aidera dans le traitement des patients gravement blessés au cerveau à travers le monde. »
Un test d’une remarquable efficacité
Particulièrement efficace, l’étude a révélé que 100 % des patients qui ont réagi au test olfactif ont repris connaissance, et plus de 91 % de ces patients étaient encore en vie trois ans et demi après avoir subi leurs lésions cérébrales. En revanche, 63 % de ceux qui n’avaient montré aucune réponse étaient décédés. Pour aboutir à cette conclusion, les scientifiques ont testé à plusieurs reprises la réponse aux odeurs agréables (shampooing) et désagréables (poisson pourri) chez 43 patients dans un hôpital de réadaptation. Pour ce faire, de petits appareils, connus sous le nom de canule nasale, ont été placés au niveau de leur nez pour mesurer la quantité d’air que les patients inhalaient lorsqu’ils étaient soumis au test.
Cela a ensuite été comparé à la quantité d’air inhalé quand ils n’étaient exposés à aucune odeur particulière. Avant de commencer le test, il a été expliqué à chaque patient que différentes odeurs leur seraient présentées. Rien n’indique cependant que les patients ont entendu ou compris ces explications, dans la mesure où ils étaient inconscients. Il faut savoir que les gens inhalent généralement profondément lorsqu’ils détectent des odeurs agréables et reniflent brusquement pour éviter les odeurs désagréables. Les chercheurs ont constaté que les patients peu conscients inhalaient beaucoup moins en réponse aux odeurs, mais ne faisaient pas de distinction entre les odeurs agréables et les odeurs désagréables.
Ces patients ont également modifié leur débit d’air nasal en réponse à une odeur neutre. Cela signifie notamment qu’il reste encore une veillée de conscience chez ces patients, et qu’ils sont encore capables d’anticiper une odeur bien qu’ils soient inconscients. En revanche, la majorité des patients dans un état végétatif n’avaient généralement pas de respiration changeante en fonction des odeurs qui leur étaient soumises. En ce qui concerne ceux qui en avaient, Anat Arzi a expliqué que « si les patients dans un état végétatif avaient une réponse de reniflement, ils sont ensuite passés à au moins un état de conscience minimale. Dans certains cas, c’était le seul signe que leur cerveau allait se rétablir. »
Par Gabrielle Andriamanjatoson, le
Source: Science et Avenir
Étiquettes: odeurs, etat-vegetatif, lésion cérébrale, test olfactif
Catégories: Actualités, Santé