Vous ne rêvez pas, la surface de Mars a bel et bien changé d’apparence du jour au lendemain. En réalité, il s’agit d’une tempête de poussière aux proportions dantesques qui a entièrement recouvert la planète rouge depuis la fin du mois de mai et qui devrait continuer jusqu’en septembre ! Un phénomène récurrent (à l’échelle cosmique en tout cas) qui se produit environ une fois tous les six à huit ans, mais qui continue à intriguer les scientifiques. Explications.

Un phénomène pas si rare sur Mars

C’est en 2001 qu’a eu lieu la dernière tempête globale sur Mars. En effet, les tempêtes de poussière sont des phénomènes locaux qui se produisent régulièrement dans l’atmosphère martienne. En revanche, lorsque ces tourbillons se combinent, un effet boule de neige se produit et un gigantesque nuage de poussière recouvre progressivement l’ensemble de l’atmosphère martienne.

C’est pourquoi, du point de vue d’un observateur extérieur, ce nuage semble très épais, alors qu’en réalité, la couche réelle de poussière présente dans l’atmosphère est extrêmement fine (de l’ordre du micromètre), une fois celle-ci retombée sur la surface. Pourquoi n’observe-t-on pas ce type de phénomènes sur Terre ? La pression atmosphérique étant beaucoup moins forte sur Mars que sur Terre (environ 100 fois moins), ces tempêtes s’accumulent rapidement dans son atmosphère et bloquent plus facilement les rayons du Soleil. Ce qui pose évidemment des problèmes techniques pour les appareils de la NASA présents sur la surface martienne.

Un problème technique pour les observateurs

Ces tempêtes bloquant les rayons du soleil sur de très longues périodes, il est quasiment impossible de recevoir des données depuis la surface de Mars sur laquelle travaille actuellement plusieurs rovers de la NASA. En effet les batteries de certains appareils se rechargent à la manière de panneaux solaires, ce pourquoi une telle tempête les oblige à se mettre en veille, et ne peuvent donc plus communiquer leurs données depuis l’intérieur de la tempête. C’est notamment le cas du rover Opportunity, lancé en 2003. Les scientifiques doivent donc se contenter des observations extérieures et des données déjà acquises par le passé, afin d’éclaircir le mystère des tempêtes martiennes.

En revanche, ce n’est pas le cas de Curiosity, rover lancé en 2011, dont le générateur thermoélectrique (qui remplace les panneaux solaires comme source principale d’énergie) lui permet d’opérer même en cas de tempête ou de faible visibilité. D’autres sondes de la NASA en orbite autour de Mars permettent également de coordonner les observations prises de l’extérieur avec les données relevées par Curiosity. 

Le rover Curiosity au travail sur Mars (2015)

Un phénomène qui expliquerait peut-être l’absence de vie sur Mars

Si les physiciens et les planétologues s’intéressent de près à ce phénomène local, c’est que celui-ci est potentiellement impliqué dans l’altération de l’atmosphère de Mars qui selon les scientifiques aurait eu lieu il y a environ 3,5 ou 4 milliards d’années, aux vues des traces d’eau liquide retrouvées sur la planète rouge. En effet, il semblerait que l’atmosphère primitive de Mars fut un temps semblable à la nôtre et donc favorable à l’apparition de la vie grâce à la présence d’eau liquide. Il a alors fallu que son atmosphère subisse un terrible changement climatique et soit soumise à de très hautes températures pour que l’eau à l’état liquide s’évapore. La piste la plus probable est celle d’un vent solaire ayant « déchiré », pendant une centaine de millions d’années, l’atmosphère de Mars.

Bien que les scientifiques ne s’expliquent pas encore avec certitude comment ces tempêtes de poussière s’agglomèrent pour former une tempête globale, ces derniers ont pu étudier de près les effets de la tempête sur la température de l’atmosphère (la chaleur accumulée dans le nuage soulève plus de poussière à la surface, et augmente alors la température ambiante) ainsi que le comportement des particules de poussière grâce à Curiosity, qui continue ses recherches au sol malgré l’obscurité. La tempête devrait durer encore quelques mois, le temps pour les sondes de la NASA de relever le plus de données possibles afin d’éclaircir le mystère.

Un coucher de soleil martien, capturé par Curiosity (avril 2015)
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