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Avortement, pilule, préservatif : vers la fin des tabous sexuels au Vietnam ?

Des jeunes filles avortent à un très jeune âge car elles sont trop peu informées sur la contraception

— TANNOBI / Shutterstock.com

Voilà maintenant plusieurs décennies que la question de la pilule, du préservatif, de l’avortement ou bien du sexe en général est particulièrement controversée et fait l’objet de tabous au Vietnam. Toutefois, ces dernières années, la situation a quelque peu changé et les tabous sexuels commencent à tomber timidement mais progressivement. 

Vers la fin des tabous sexuels ? 

Ces dernières années, les mentalités et les comportements sexuels ont particulièrement évolué au Vietnam. Le pays abrite une population majoritairement jeune ayant des rapports bien plus tôt et des mariages bien plus tardivement qu’auparavant. Par ailleurs, les applications de rencontre sont plus nombreuses, les préservatifs sont plus aisément distribués, tout comme les pilules contraceptives. De belles avancées qui montrent que les tabous commencent à s’estomper très doucement au Vietnam. 

Néanmoins, cela semble se faire bien timidement, le sexe restant un sujet “en quelque sorte interdit”, comme l’a rapporté Linh Hoang, âgée de 23 ans et partie en croisade afin de favoriser l’évolution des mentalités de son pays. “La sexualité protégée n’est pas abordée et la société n’a aucune idée de ce qu’est l’éducation sexuelle ni comment l’enseigner”, a-t-elle précisé. Cette jeune femme est également une des fondatrices de la start-up WeGrow Edu abordant les questions de sexualité avec les jeunes. Ainsi, elle permet la vente de coffrets comprenant des serviettes hygiéniques, des tests de grossesse, des préservatifs et guides explicatifs. Les membres de cette start-up prennent également le temps de rencontrer des étudiants d’écoles de la capitale du pays. 

Huong, interrogée par Sciences et Avenir et ayant changé son nom dans le cadre de cette interview, est un exemple parmi tant d’autres qui montre que les tabous sexuels sont encore bien présents au Vietnam. En seulement deux ans, elle a dû subir deux interruptions volontaires de grossesse (IVG). « J’étais terrifiée quand j’ai découvert que j’étais enceinte (…) Je pense que si on nous avait parlé de rapports sexuels protégés, nous ne serions pas tombés dans ce piège. Ça m’a fait vraiment mal. Après, j’ai ressenti (…) une grande insécurité et un grand vide », a-t-elle expliqué. En raison des tabous et d’un manque d’éducation sexuelle, nombreuses sont les Vietnamiennes qui considèrent encore aujourd’hui l’avortement comme un moyen de contraception. Lorsqu’elle est tombée enceinte pour la seconde fois, Huong a eu la chance d’être davantage informée et d’avoir recours à une pilule abortive. Le cas de cette jeune femme est donc bien loin d’être isolé, le Vietnam étant un pays où le taux d’avortement a longtemps été l’un des plus importants à travers le monde.

Une politique de contrôle des naissances longtemps imposée

Le nombre d’IVG a particulièrement grimpé durant des décennies, le Vietnam ayant imposé une politique limitant le nombre d’enfants à deux par famille, et l’éducation et le planning familial étant particulièrement absents. Selon le ministère de la Santé, on comptait 37 IVG pour 100 naissances en 2005. Depuis, cette politique de contrôle des naissances a été abandonnée et en 2019 on ne comptait plus que 12 avortements pour 100 naissances.

Néanmoins, selon les spécialistes, les données provenant du Vietnam sont largement sous-estimées, des IVG étant réalisées dans des cliniques privées et n’étant donc pas prises en compte. Une intervention qui demeure encore fortement pratiquée, étant légale jusqu’à 22 semaines et simplement accessible. “Il y a toujours une tendance inquiétante qui consiste à considérer l’avortement comme une contraception”, a commenté Nguyen Van Cong, médecin ayant fondé le programme d’éducation “We are grown up”, autrement dit “Nous sommes adultes”. Tous les sujets sont abordés : masturbation, consentement, MST et encore bien d’autres. “Même mes amis confessent que c’est la première fois qu’ils touchent un préservatif. Et c’est encore le cas pour la majorité des gens”, a-t-il ajouté.

Par Cécile Breton, le

Source: Sciences et avenir

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