Chaque jour, des études fleurissent et nous étonnent davantage de la richesse comportementale des insectes. De nouvelles images en slow-motion ont capturé cette scène fascinante : des blattes ont développé un coup de pied comme mécanisme agressif pour contrer les agressions des guêpes. Plus précisément, nous parlons de la guêpe émeraude. Cet insecte prédateur trouve l’origine de son nom de par sa couleur d’un vert très vif et brillant. Elle est connue pour sa technique de « zombification » visant à transformer un cafard en esclave.

 

La zombification

La femelle de l’espèce est connue pour ses agressions sur des cafards sans méfiance, avec un liquide puissant qui fait de la blatte son esclave docile. Ce comportement de « zombification » est constaté depuis les années 1940. Conséquence ? La guêpe peut pondre ses oeufs dans le cafard encore en vie et l’enterrer vivant, assurant ainsi à sa progéniture de manger lorsqu’elle éclora. Même si vous n’aimez pas les cafards, force est de reconnaitre que c’est un destin tragique, ils meurent mort-vivants et contrôlés. Après infection, la blatte touchée commence à se toiletter abondamment, perd son instinct de survie, ses réactions deviennent anormales, et elle devient un hôte, puis une nourriture pour la progéniture des guêpes.

Si vous souhaitez en savoir davantage sur les guêpes émeraude, voici quelques détails. Trop petite pour porter l’entièreté de la blatte, la guêpe doit sélectionner les parties importantes. Elle grignote ainsi la moitié des antennes de la blatte, et ramène à son terrier le reste des antennes en les utilisant comme laisse. Ensuite, elle pond un œuf blanc à l’intérieur de la blatte, puis part, sans oublier de remplir le terrier avec des cailloux. La guêpe va ensuite manger les organes de la blatte de sorte à ce que l’insecte reste en vie le plus longtemps, et ainsi augmenter les chance de survie de la progéniture. Pour une seule session d’accouplement, la guêpe peut parasiter avec succès plusieurs dizaines de blattes ! Ce n’est donc pas un cas isolé.

Source : Pixabay

 

La blatte ne se laisse pas faire pour autant

Récemment, les chercheurs ont remarqué que les cafards n’étaient pas sans défense face à cette agression. Dans le journal « Brain, Behavior and Evolution », il y est expliqué que les cafards peuvent utiliser leurs jambes, dures et hérissées, comme armes, en exécutant de larges coups de pieds pour contrer l’attaque d’une guêpe. Pour l’heure, c’est l’étude la plus détaillée sur la façon dont les cafards combattent les attaques visant à les transformer en zombies insecticides.

« La blatte a une série de comportements qu’il peut déployer pour repousser ceux qui cherchent à la transformer en zombie »

L’auteur de cette déclaration, Ken Catania, de l’université Vanderbilt, s’intéresse de près aux comportements agressifs de diverses créatures. Il a ainsi spécialisé ses recherches sur les interactions entre les prédateurs et leurs proies. Cette fois, il a étudié les mécanismes de défense de la blatte américaine (Periplaneta americana) contre les guêpes femelles (Ampulex compressa, ou guêpe émeraude). Catania avait déjà lu des récits indiquant que les cafards essayent de se défendre contre ces attaques dévastatrices et il a décidé que cela méritait une étude plus approfondie. Pour ce faire, il a eu recours à l’utilisation de la vidéographie à très basse cadence, pour mieux saisir la complexité des actions entre proie et prédateur.

11 secondes. C’est le temps que prend généralement l’échange entre la guêpe et la blatte. Plus précisément, c’est le temps de deux piqures de la part de la guêpe. La première paralyse complètement les jambes. La deuxième est une piqûre du dard dans les tissus mous de la gorge et dans le cerveau. A sa merci, la guêpe conduit l’insecte à son nid à l’aide de son antenne. En théorie donc, la blatte n’a pas le temps réagir à cette attaque ultra rapide. Cependant, les chercheurs se sont aperçus qu’en pratique, plus d’une fois, elle repère l’attaque à temps, et se met en garde.

« La blatte a une série de comportements qu’elle peut déployer pour repousser les guêpes cherchant à fabriquer des zombies ». Ce sont les termes utilisés par Catania après ses études. Il explique que premièrement, le cafard dispose d’une position de garde, à la manière d’un escrimeur. À l’aide cette position, le cafard peut suivre une guêpe qui s’approche avec son antenne, surélever son corps, et mieux cibler la guêpe avec un coup de pied, rapide et ferme, idéalement sur la tête de la guêpe. Pour vous donner une image, le cafard utilise sa jambe à la manière d’une batte de baseball.

Catania a constaté que la défense comme décrite ci-dessus était étonnamment efficace, puisque 63 % des cafards adultes ont attrapé la guêpe qui s’approchait d’eux, se sont défendus et ont résisté plus de trois minutes (alors que l’agression ne prend initialement que 11 secondes). Cependant, il a aussi noté que les jeunes cafards ne sont pas aussi efficaces. En effet, ils sont quasiment tous morts des suites de cette expérience. Généralement, quand une guêpe affronte un cafard solide sur ses appuis et résistant, elle s’adapte et se rend compte pendant le combat qu’il y a un cafard, plus petit et docile, à portée, et décide de changer de cible. Capacité d’adaptation donc, qui permet aux blattes les plus résistantes de rester en vie.

Catania espère que son travail aidera à révéler comment ces comportements uniques de prédateur (guêpe) et sa proie (cafard) ont évolué au fil du temps. « Il semble probable que les défenses anti cafards aient évolué en réponse aux menaces de multiples prédateurs », écrit-il. Quoi qu’il en soit, le monde des insectes et des animaux ne cessent de nous étonner. Plus complexes et riches que l’on ne croyait, les êtres vivants ont tous des capacités d’adaptation qui se complexifient au fil du temps, répondant chaque fois à de nouvelles menaces dans un but de survie.

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